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l’extrême droite prépare la politique anti-migrants « la plus stricte que le pays ait jamais connue »

Aux Pays-Bas, l’extrême droite est enfin parvenue à s’entendre pour former un gouvernement de coalition, six mois après sa victoire aux élections législatives. Le parti de Geert Wilders souhaite appliquer une politique anti-immigration la plus stricte possible. Quitte à s’affranchir des règles européennes.

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Geert Wilders, leader du parti d'extrême droite PVV, lors de la présentation de l'accord pour la mise en place d'un nouveau gouvernement, le 16 mai 2024. (KOEN VAN WEEL/ANP MAG)

Cela ne surprend personne. Tout était déjà dans son programme. Mais maintenant que le PVV (Parti pour la liberté) de Geert Wilders a réussi à former une coalition avec trois partis de droite – sans avoir à leur faire de concession majeure, si ce n’est de renoncer à être lui-même Premier ministre – il va pouvoir Avance.

En résumé, il s’agit de restreindre le plus possible le droit d’asile, d’appliquer la politique « le plus strict« ce que les Pays-Bas ont toujours connu : un frein à la main d’œuvre étrangère et au flux d’étudiants non néerlandais. Limitation des regroupements familiaux. En matière de logement, les réfugiés et demandeurs d’asile ne seront plus des priorités.

Les contrôles aux frontières seront renforcés, les expulsions plus rapides. Le parti de Geert Wilders veut même faire voter une « loi d’urgence » pour suspendre toutes les demandes pendant deux ans, ce qui serait contraire aux règles européennes.

Le prochain gouvernement néerlandais demandera donc à s’affranchir des règles de l’Union. Comme le Danemark, qui a obtenu une dérogation il y a plus de 25 ans, et qui n’est pas tenu d’appliquer certaines législations européennes en matière d’asile. Copenhague, par exemple, ne participe pas aux réglementations de Dublin et Schengen. Le pays est devenu le plus restrictif d’Europe en matière d’immigration.

Le nouveau gouvernement néerlandais souhaite demander la même chose à la Commission pour aller encore plus loin. Même si Geert Wilders a reconnu jeudi 16 mai que le processus pourrait prendre des années. À La Haye, le Parlement en débattra à partir du 22 mai.

De quoi créer l’émoi chez les élus européens. L’arrivée au pouvoir de l’extrême droite néerlandaise s’inscrit dans un contexte favorable à la droite radicale, qui progresse et devrait consolider son influence lors des élections du 9 juin.

Mais ce qui inquiète surtout les parlementaires, c’est la tendance au compromis des partis conservateurs traditionnels qui leur déroulent presque le tapis rouge. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, issue de la droite européenne et candidate à un second mandat, a elle-même ouvert la porte aux alliances.

Non pas avec le groupe ID auquel appartient le parti néerlandais de Geert Wilders (et qui comprend le Rassemblement national ainsi que l’Afd allemande), mais avec l’autre famille politique radicale, l’ERC, celle dirigée par l’Italienne Giorgia Meloni, où on retrouve Vox en Espagne ou Reconquête ! par Éric Zemmour.

Renew est également inquiet. Valérie Hayer, présidente du groupe au Parlement européen et tête de liste du camp d’Emmanuel Macron pour les élections européennes, l’a exprimé « désapprobation totale» face à l’accord de coalition néerlandais, conclu notamment avec les libéraux du VVD. En France, cela reviendrait à faire travailler ensemble les représentants du RN et ceux de la Renaissance. Les électeurs ne pourront pas dire qu’ils ont été pris par surprise.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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