l’État hébreu sommé de justifier sa politique humanitaire à Gaza devant la Cour suprême
Des ONG ont déposé une pétition dans l’espoir que les autorités « respecteront leurs obligations en tant que puissance occupante » en fournissant toute l’assistance nécessaire à la population civile de la bande de Gaza.
Le gouvernement israélien doit répondre ce mercredi 10 avril à la justice du pays qui, à la demande d’ONG, lui a ordonné de justifier sa politique humanitaire dans la bande de Gaza ravagée par la guerre. Le 18 mars, cinq ONG ont déposé une requête auprès de la Cour suprême dans l’espoir que les autorités « respecter leurs obligations en tant que puissance occupante » fournir toute l’assistance nécessaire à la population civile de la bande de Gaza.
Après une première audience la semaine dernière, le tribunal a donné au gouvernement jusqu’au 10 avril pour répondre à une série de questions, notamment : Quelles mesures l’exécutif prendra-t-il pour accroître l’accès à l’aide ? ? Quels sont les obstacles auxquels sont confrontées les ONG ? Combien de demandes de coordination et d’acheminement de l’aide ont été refusées et pour quelle raison ? Les pétitionnaires auront alors cinq jours pour répondre aux arguments du gouvernement, avant une décision de justice.
Le gouvernement assure à plusieurs reprises qu’il ne limitera pas l’arrivée de l’aide sur le territoire palestinien, ce que contestent tout aussi régulièrement les ONG, tandis que les grandes puissances exhortent le gouvernement de Benjamin Netanyahu à laisser entrer davantage de convois humanitaires. « Plusieurs choix politiques de la part d’Israël entravent l’accès à l’aide dans la bande de Gaza »Miriam Marmur, de l’organisation Gisha, a déclaré à l’AFP.
« Punition collective »
Elle évoque notamment l’interdiction d’utiliser le port israélien d’Ashdod, malgré sa proximité avec Gaza, « processus d’inspection longs et inefficaces »ou encore l’interdiction d’entrée de certaines marchandises au motif que leur utilisation pourrait être détournée à d’autres fins. « La réalité du terrain suggère qu’Israël utilise, entre autres, le principe de punition collective »dit la pétition déposée par Gisha, Adalah, l’Association pour les droits civiques en Israël, HaMoked et Médecins pour les droits de l’homme en Israël.
Interrogé par l’AFP, Alexandre Fort, coordinateur logistique de Médecins sans frontières (MSF), fait état de problèmes incessants de livraisons « bloqué, pour lequel des autorisations sont nécessaires » long à obtenir. Le responsable Moyen-Orient de l’ONG Action contre la faim (ACF), Jean-Raphaël Poitou confirme également que les opérations d’ACF sont perturbées.
« Pour le moment, tous les accès se font au sud de la bande de Gaza »il se souvient, « ça fait beaucoup d’heures de voyage, de checkpoints, où il y a des contrôles, et c’est beaucoup de temps perdu à chaque fois qu’il faut aller vers le nord où le risque de famine est le plus avancé ».
Des camions à moitié pleins
Selon les autorités israéliennes, 419 camions sont entrés lundi sur le territoire côtier, soit le nombre le plus élevé depuis le début de la guerre. Or, les Nations Unies n’ont enregistré que le passage de 223 camions pour la même journée. Et un porte-parole du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Jens Lerke, a souligné mardi depuis Genève que les camions entrant à Gaza ne sont qu’à moitié pleins, « un prérequis » imposée par Israël pour faciliter les inspections.
Dans tous les cas « Ce n’est pas avec 300 camions pour une journée qu’on va changer la donne », balaie Jean-Raphaël Poitou qui rappelle qu’environ 500 camions entraient quotidiennement sur le territoire avant la guerre, alors même qu’un blocus était déjà en vigueur depuis plus de quinze ans. Comme alternative à la route, les largages aériens sont critiqués aussi bien par les ONG que par les Gazaouis.
Les acteurs humanitaires se montrent réservés sur les améliorations récemment annoncées, notamment l’éventuelle utilisation du passage d’Erez, au nord du territoire, aujourd’hui détruit. « Reste à savoir quand et comment ces mesures seront mises en pratique », note Miriam Marmur. Sans cessez-le-feu ni véritable coordination des convois humanitaires à l’intérieur de la bande de Gaza, « Ils n’ont aucun sens ».
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a fait 1.170 morts côté israélien, en majorité des civils tués le même jour, selon un décompte de l’AFP basé sur des sources officielles. Chiffres israéliens. Israël a lancé une opération militaire de représailles à Gaza qui a fait plus de 33 300 morts, pour la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien – un chiffre qui ne peut être vérifié de manière indépendante.