Les Vieilles Charrues peuvent-elles quitter Carhaix ?
Déplacer un événement réunissant 270 000 festivaliers (346 000, en 2023, sur cinq jours), plus de 7 000 bénévoles et qui se déroule sur 119 hectares serait très lourd sur le plan logistique. D’autant que le site historique de Kerampuilh, à Carhaix, a été conçu par et pour les Vieilles Charrues. Trouver un terrain suffisamment grand, viabilisé et disponible serait une difficulté en soi. Et cela soulèverait la question la plus symbolique des questions : maintenir le festival en Bretagne, ou quitter la région ? Les Déferlantes, dans le Sud, ont goûté, en 2023, à la dimension politique des déménagements : en acceptant, dans un premier temps, l’accueil de la mairie RN de Perpignan, le festival s’est attiré les foudres de plusieurs artistes et a dû changer de stratégie pour finalement rester. au Barcarès. En Bretagne, la question de savoir si Vieilles Charrues peut être dissociée de Carhaix est aussi éminemment politique… Reste à savoir si elle suscitera ou non d’autres propositions.
2 Et les bénévoles ? La plupart sont des locaux !
Les Vieilles Charrues ne pourraient se tenir sans les plus de 7 000 bénévoles issus de 130 associations qui donnent chaque année de leur temps au festival et à la cause qu’elles défendent. Gwenvaël Lecerf, président de l’association trégorroise La Mains sur le cœur, qui mobilisait encore l’an dernier 120 bénévoles, est prête à suivre les Vieilles Charrues si jamais elles plient leurs bagages. « Nous sommes au service du festival. Tant que les valeurs, l’ambiance sont là et que l’ampleur est raisonnable, nous serons toujours là ! S’ils jugent que la survie du festival doit passer par un déménagement, nous les suivons. » Mais, pour beaucoup, il est impensable d’aller chercher ailleurs. C’est le cas de Didier, un de ces bénévoles qui ne compte plus ses années de soutien. « 21 ou 22 éditions peut-être. » Il est catégorique : les Vieilles Charrues sont à Carhaix. « On ne va pas aller courir à Perpète-les-Oies ! Je n’irais nulle part ailleurs qu’à Carhaix ! Ce ne serait pas bon pour le Centre Bretagne si les Vieilles Charrues partaient. »
3 Bougez, ces festivals l’ont fait !
Cette année, en Bretagne, le festival Bobital l’Armor à Sons déménage. L’association Bowidel l’a annoncé fin mars. Pour sa 14e édition, l’événement (45 000 festivaliers en 2023) quitte la plaine du Louvre, dans la commune qui lui a donné son nom, pour s’installer à trois kilomètres de là, à Trélivan (22). Raison invoquée ? Le besoin d’espace. « Le site sera mieux sécurisé et plus aéré », indiquait récemment Yoann Réhel à Télégramme. Pour cela, l’association a acheté 20 hectares à la commune. L’expansion est souvent ce qui motive les festivals à déménager. C’est aussi ce qui a poussé Les Charrues hors du centre-ville de Carhaix, vers la plaine de Kerampuilh, en 1998. Même chose pour les Morbihannais Motoculteur, venus s’y installer en 2023, avec le gros avantage de se retrouver, dans le fief de Vieilles Charrues, terrain déjà parfaitement aménageable.
4 Vieilles Charrues et Carhaix, un amour impossible ?
La plaine de Kerampuilh entend depuis des années le refrain du déménagement. Brandi de toutes parts comme la menace ultime. On comprend avant tout que c’est une arme pour avancer ses pions. Dans un entretien publié samedi 20 avril dans nos colonnes, Christian Troadec assure vouloir la pérennité du festival à Carhaix. « Mais nous ne voulons pas que cela se fasse au détriment des autres projets de développement économique de la région, ni au prix d’une privatisation à leur seul bénéfice du site de Kerampuilh. »
Dans le communiqué qui a fait l’effet d’une bombe lundi, le festival s’interroge : « Vieilles Charrues 2024, dernière édition ? Les tensions entre la mairie et l’association semblent avoir atteint un point de non-retour, ce qui ne plaide pas en faveur d’un déménagement : « Nous sommes toujours et plus que jamais viscéralement attachés à Carhaix et à ses habitants depuis près de 30 ans et on n’imagine pas la fin des Vieilles Charrues : nous appelons désormais les élus du centre breton à sauver le festival. Malheureusement, si rien ne change d’ici cet été, l’édition 2024 des Vieilles Charrues pourrait bien être la dernière. La direction des Vieilles Charrues et le maire de Carhaix, Christian Troadec, n’ont pas répondu à nos sollicitations.