Les tableaux de Banksy, des œuvres très convoitées à travers le monde
Les œuvres de Banksy en danger ? Le tribunal correctionnel de Paris rend mercredi 19 juin sa décision dans le procès du vol d’un Banksy près du centre Pompidou en 2019. L’œuvre réalisée au dos d’un panneau routier représente un rat masqué par un bandana et armé d’un cutter. . L’accusé aurait découpé le panneau avec une meuleuse en pleine nuit.
Lors du procès, la défense de l’accusé a assuré que le vol avait été réalisé à la demande de l’artiste anonyme. Mais cela n’a pas convaincu le procureur qui a requis 18 mois de prison, dont dix avec sursis, et 50 000 € d’amende à l’encontre du voleur présumé.
Les œuvres de Banksy sont toujours produites dans l’espace public et illégalement, donc en théorie elles n’appartiennent à personne. Mais leur rareté et l’anonymat de leur auteur font des graffitis du street artiste des pièces très convoitées, leur valeur pouvant s’envoler jusqu’à plusieurs dizaines de millions d’euros.
Vente record à 19 millions d’euros
En décembre 2023, une œuvre représentant un panneau STOP décoré de trois drones militaires, signée Banksy, a été découverte par des habitants du sud de Londres. Moins d’une heure plus tard, deux individus ont été filmés en train de voler la chambre. Selon un galeriste interrogé par la BBC, l’œuvre pourrait valoir jusqu’à 600 000 €. Les deux individus ont été arrêtés quelques jours plus tard.
En 2019, c’est « la jeune fille triste », un tableau réalisé sur l’une des portes du Bataclan, en hommage aux attentats du 13 novembre 2015, qui a été volé à Paris. La porte a été retrouvée en Italie en 2020. Les coupables ont été condamnés à des peines allant de six mois à deux ans de prison.
Les vols ne sont pas uniquement commis par des individus sans scrupules. Certaines entreprises récupèrent les tableaux pour les vendre aux enchères. C’est ce qui est arrivé au graffiti intitulé « Game Changer » qui ornait l’hôpital universitaire de Southampton. Il a été soigneusement déposé par les services de santé britanniques puis vendu aux enchères par Sotheby’s.
Représentant un petit garçon jouant avec une poupée infirmière portant un masque et une cape, l’œuvre était initialement estimée entre 3 et 4 millions d’euros. Son prix s’est finalement envolé pour atteindre le montant record de plus de 19 millions d’euros.
L’artiste tente de contre-attaquer
Les graffitis de l’artiste anonyme témoignent parfois de ses positions anticapitalistes et militantes. A quelques reprises, l’artiste a tenté de lutter contre la marchandisation de ses œuvres urbaines. En octobre 2018, Banksy a par exemple organisé l’autodestruction de sa célèbre œuvre « La Fille au ballon », après sa vente aux enchères.
Un destructeur de papier avait été caché dans le cadre du tableau. Quelques minutes après la vente, les graffitis avaient été soigneusement découpés en fines bandes. Un acte de vandalisme auto-revendiqué par l’artiste qui a confirmé avoir caché l’engin » au cas où il serait vendu aux enchères « .
L’œuvre d’art partiellement détruite a finalement été revendue aux enchères pour 18,6 millions de livres (21,8 millions d’euros) en octobre 2022, soit plus de 20 fois le prix de la première vente.
Sur ses réseaux sociaux, l’artiste tente aussi, avec humour, de signaler sa position. Dans un article publié en octobre 2019, Banksy a partagé une citation du critique d’art Robert Hughes, l’accompagnant d’un message : « Prix record pour un tableau de Banksy mis aux enchères ce soir. Dommage qu’il ne soit pas encore à moi. », a-t-il plaisanté sur lui-même. S’il peut s’en prendre aux sociétés de ventes aux enchères, il reste difficile pour l’artiste de contrôler, prévoir et prévenir le vol de ses œuvres de rue.