les restaurateurs s’élèvent contre leur utilisation prolongée dans les grandes surfaces
La secrétaire d’État chargée de la Consommation, Laurence Garnier, a annoncé dans Le Parisien que le gouvernement était favorable à l’extension de la dérogation permettant l’utilisation des titres-restaurant pour faire ses courses. Une annonce qui ne passe pas auprès des restaurateurs.
C’est une annonce qui fait sourciller dans le secteur de la restauration. Dans un entretien au Parisien, la secrétaire d’État chargée de la Consommation, Laurence Garnier, a indiqué mercredi que le gouvernement souhaitait prolonger l’utilisation des titres-restaurant dans les grandes surfaces jusqu’à fin 2025. Une pérennisation de cette mesure n’est d’ailleurs pas envisageable. pas exclu. Un choix qui contrarie l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), premier syndicat patronal du secteur de l’hôtellerie-restauration, fermement opposé à cette dérogation.
«C’est scandaleux. Le gouvernement fait les poches des restaurateurs au profit de la grande distribution», s’insurge Frank Delvau, président de l’Umih Paris Île-de-France, auprès de BFM Business.
Entrée en vigueur en 2022, cette mesure avait pour but de protéger le pouvoir d’achat des salariés face à une inflation croissante. Une justification qui n’est plus d’actualité pour Frank Delvau : « On nous a expliqué en 2023 que nous prolongeions d’un an cette mesure temporaire à cause de l’inflation. Mais aujourd’hui, l’inflation baisse. » Toujours positif, il est effectivement tombé, en septembre, à 1,1 % par an, selon les données de l’Insee.
« Le gouvernement sera responsable des faillites »
Selon les chiffres de la Commission nationale des titres de restaurants (CNTR), les grandes et moyennes surfaces représentaient 30,8% de ce marché, à la fin du deuxième trimestre 2024.
« Il faut comprendre que sur un an, 600 millions d’euros ne vont plus aux restaurateurs mais aux caisses des supermarchés », prévient le président de l’Umih Paris Île-de-France. Il reproche au gouvernement de céder au « lobbying très fort de la grande distribution ».
« Nous comprenons la difficulté des Français, mais le gouvernement choisit la facilité », ajoute-t-il.
Une solution de facilité qui affecte directement la santé financière des restaurateurs selon Frank Delvau, qui s’alarme de la multiplication des faillites dans son secteur : « En un an, elles ont augmenté de 40% », déplore-t-il.
«Nous proposons un double plafond»
Face à l’insistance du gouvernement, le syndicat de l’hôtellerie-restauration propose une solution sous forme de compromis : « La création d’un double plafond est une piste à étudier », déclare Frank Delvau. Une proposition qui permettrait aux salariés de dépenser vingt euros dans les supermarchés et jusqu’à quarante euros dans les restaurants et boulangeries.
Aussi, les Français continueraient à bénéficier de l’aide des titres-restaurants pour faire leurs courses alimentaires et « se faire plaisir au restaurant ». Une manière d’inciter les salariés à rediriger une partie des titres-restaurant vers les caisses des restaurateurs.
Selon l’Umih, cette mesure permettrait également de lutter contre le gaspillage des titres-restaurants : « 50 millions d’euros de titres-restaurant ne sont pas utilisés par an », assure le président de l’Umih Paris Île-de-France.
Autre idée avancée par le syndicat : un meilleur encadrement, voire une réduction des taux de commission pour les émetteurs de titres. Une mesure vivement critiquée par Edenred, l’un des plus gros émetteurs. Contactée en septembre dernier, la société affirmait que « les taux d’Edenred ont moins augmenté que l’inflation sur les 5 dernières années ».
Et d’ajouter : « Ils n’ont pas augmenté en 2024 et notre tarif public se situe autour de 4,18 %. »