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les porteurs de projets sortent du silence

Après l’émotion suscitée par l’annonce du projet, il était temps de parler au nom des dirigeants de Neometal. Depuis le début de l’été dernier, cette société ariégeoise s’est engagée dans une démarche de dépôt de permis d’exploration minière, espérant à terme exploiter à nouveau une mine de tungstène comme le département de l’Ariège. aurait pu le savoir dans les années 1970 et 1980.

Une future mine de tungstène en Ariège ?

De nombreux chiffres circulent sur la ressource disponible dans cette zone rurale du sud-ouest de la France. Pour le collectif des opposants au projet, il s’agit des 3 000 tonnes de tungstène encore disponibles. Pour le Bureau de recherches géologiques et minières, le chiffre de 15 000 tonnes potentielles de minerai circule. Du côté des porteurs du projet, d’autres ordres de grandeur sont à l’ordre du jour pour les 102 kilomètres carrés concernés par la demande de permis.

« Le minerai qui nous intéresse existe entre 900 et 1 500 mètres d’altitude, mais nous espérons retrouver sa signature géophysique à 600 mètres d’altitude dans la zone en question. Ainsi, nous approcherons les 50 000 tonnes de réserves potentielles ou plus (…) C’est le plus grand gisement potentiel de tungstène en Europe», explique avec conviction Michel Bonnemaison, le géologue de Neometal.

En plus du tungstène, les entrepreneurs espèrent trouver de l’or en même temps, alors que les Pyrénées ont selon eux une forte teneur en or.  » Le tungstène restera le cœur du projet, mais l’or sera un coproduit qui pourrait permettre d’amortir les coûts d’exploitation. Si je voulais chercher de l’or, je n’irais pas en France », veut préciser Emmanuel Henry, le président de Néometal et actionnaire de 10 % de celle-ci.

Le préfet donnera un avis consultatif sur le projet

Avant d’explorer les roches ariégeoises et d’exploiter cette ressource, Neometal doit obtenir le feu vert des autorités. L’entreprise a rencontré le préfet du département en fin de semaine dernière, après un premier entretien avec le bureau montpelliérain de la DREAL qui demandait des éclaircissements sur un certain nombre de points. Dans un avenir proche, il est prévu que le binôme – qui représente l’Etat sur le territoire – fournisse un avis consultatif sur ce projet directement au ministère de l’Industrie, mais aussi à celui de la Transition écologique.

« En France, il est très difficile d’obtenir un permis exclusif d’exploration minière (Perm, ndlr). Par ailleurs, nous sommes encore très loin d’avoir une mine. La question est de savoir si le projet est économiquement viable. Cette phase exploratoire est donc essentielle »soutient Michel Lambert, investisseur français dans le projet.

Pour ce faire, Neometal pourra s’appuyer sur de nouvelles techniques de recherche minière, même inexistant il y a une dizaine d’années comme les différents scanners. Par la suite, plusieurs sondes seraient envoyées à plusieurs dizaines voire centaines de mètres de profondeur pour identifier des sources de tungstène.  » Ces outils n’ont aucune conséquence sur l’environnement », tient à rassurer Michel Bonnemaison, face à la forte protestation autour du projet de la part d’une partie de la population locale.

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Face à la Chine

Reste à l’État à trancher le débat entre préservation de l’environnement, mais aussi intérêts stratégiques. Aujourd’hui, le tungstène, qui se vend autour de 30 000 euros la tonne selon Neometal (beaucoup plus qu’en 1986, lorsque la mine de Couflens en Ariège a arrêté ses activités), est un matériau stratégique. Ce minerai est utilisé dans les secteurs de la défense, de l’aéronautique, du spatial et pour la fabrication d’outils industriels.

Preuve de son importance, le ministère chinois de l’Économie (Mofcom) souhaite introduire des restrictions à l’exportation de tungstène et de magnésium, selon le journal japonais Nikkei, alors même que le pays est le premier producteur mondial de tungstène.

« La France est confrontée à une terrible dépendance vis-à-vis de ses approvisionnements en métaux stratégiques. Elle est même dans une situation très malsaine. Le pays a un besoin urgent de réinvestir dans son industrie minière », a déclaré Emmanuel Henry, président de Neometal.

Lui et ses associés souhaiteraient même, à terme, investir avec d’autres sociétés minières européennes dans une usine de transformation de tungstène, de préférence en France. Selon eux, la production de ce minerai, par exemple en Espagne et au Portugal, serait aujourd’hui envoyée en Chine pour y être transformée avant de revenir en Europe… Cela impliquerait alors des centaines de millions d’euros d’investissements nécessaires. pour mettre un terme à cette situation. Bien loin des 12 millions d’euros nécessaires au fonctionnement du permis exclusif de recherche pendant cinq ans, dans quatre communes de l’Ariège.

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