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Les pays de l’Otan se mobilisent pour fournir plus d’obus à l’Ukraine

Les membres de l’Otan ont célébré, ce jeudi, le 75e anniversaire de l’alliance militaire sans doute la plus efficace de tous les temps puisqu’elle a dissuadé l’empire soviétique sans avoir à combattre, dès 1949 et la chute de son ennemi, en 1989. Mais aujourd’hui le canon gronde sur ses portes.

Plus précisément, les canons russes tonnent, car ceux d’Ukraine en sont souvent réduits à ne tirer qu’un seul obus par jour, faute de munitions. En raison de blocages au Congrès sous l’influence d’élus trumpistes, les États-Unis n’apportent quasiment aucune aide depuis six mois.

Sortir du rêve de paix éternelle

Par ailleurs, bercés par l’illusion que les guerres de haute intensité, avec canons, chars et tranchées, appartenaient au passé ou ne les concerneraient plus, les pays occidentaux ont abandonné depuis longtemps la production d’obus.

C’est donc à partir d’un niveau assez bas qu’ils ont dû se résoudre à relancer ces derniers mois leur production d’obus de 155 mm, le calibre standard de l’OTAN, ou du calibre soviétique de 122 mm pour les Etats membres venus de l’autre côté. côté du rideau de fer. Mais il faut du temps pour mettre en place une chaîne de production moderne. Si les Etats-Unis se disent capables d’augmenter leur production à 100 000 obus par mois, ce ne sera pas avant 2025.

La France, où le leader européen des explosifs Eurenco a récemment inauguré une nouvelle ligne de production de poudre à Bergerac, s’est récemment déclarée prête à en produire 8 000 par mois d’ici la fin de l’année, dont 80 % pour Kiev. Quitte à procéder à des réquisitions, si nécessaire, a prévenu le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu. Mais cela ne représentera encore qu’un trentième de la production russe… et l’équivalent de ce dont aurait besoin quotidiennement l’artillerie ukrainienne !

L’Allemagne travaille également dur. Le numéro un national du secteur, Rheinmetall, a lancé le 12 février les travaux de sa nouvelle unité de production de coques à Unterlüss, pour produire à terme 200 000 coques par an. Et Berlin a commandé 120 000 obus à la Bulgarie. Ce dernier, membre de l’Otan mais aussi référence dans la production d’obus soviétiques adaptés aux canons dont Kiev est équipée, a réactivé une usine de la ville de Kostenets qui était en sommeil depuis la fin de l’URSS, il y a trente ans. -cinq ans.

Une recherche urgente de fournisseurs

Face aux goulots d’étranglement de leur industrie, les pays européens se tournent donc vers les pays tiers, comme l’illustre l’initiative d’achats groupés dévoilée le mois dernier par Prague, chargée de piloter le groupe de travail Allied Munitions. . Cette initiative rassemble 18 pays, dont la Belgique, la Grande-Bretagne, le Danemark, la France, l’Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède. Berlin a annoncé mardi qu’elle contribuerait à hauteur de 576 millions d’euros, soit 40 % du total, ce qui permettrait de fournir 180 000 obus à partir de juin.

Si les pays européens ont dû se résoudre, comme la France, longtemps opposée à tout renoncement en matière de préférence communautaire, à se tourner vers des fournisseurs extérieurs pour acheter les obus nécessaires à l’Ukraine, il reste encore à les trouver. . Les seuls stocks et productions substantiels de coquilles disponibles se trouvent dans des pays neutres, comme l’Afrique du Sud, le Brésil qui a refusé de l’accepter, la Corée du Sud et la Turquie. Cette dernière n’a pas indiqué si elle pouvait ou voulait fournir au-delà des 115 000 obus commandés par Washington à la firme Arca.

Le président tchèque Petr Pavel avait annoncé, ce qui avait suscité le scepticisme des spécialistes, avoir identifié des stocks de 500 000 obus de 155 mm et 300 000 obus de 122 mm dans des pays tiers, sans préciser lesquels, qui pourraient être livrés à Kiev « dans quelques semaines ». Annonce faite début février, mais aucun de ces obus n’est encore visible à l’horizon…

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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