Les microagressions sur le lieu de travail démotivent les salariés, les victimes et les témoins
« Tu n’as pas l’air de ton âge », « tous les Asiatiques sont bons en informatique », « d’où viens-tu vraiment ? » » Ce sont autant de remarques que 82% des salariés ont déjà entendues sur leur lieu de travail, selon une étude Ifop pour le cabinet de conseil Paritalité publiée mardi 18 juin 2024. Ces blagues, commentaires ou comportements paraissent parfois anodins mais perpétuent des stéréotypes stigmatisants pour les personnes ciblées.
Près de 50 % des salariés français déclarent avoir été victimes d’au moins une de ces « micro-agressions ». » Cependant, ils portent mal leur nom : leur impact est grand sur les victimes, et l’auteur ne veut pas toujours du mal. », souligne Diane Gonin, co-fondatrice du cabinet de conseil spécialisé en diversité et inclusion au sein des entreprises. Le mot a fait son chemin outre-Atlantique mais reste largement méconnu en France, où les conséquences sont souvent minimisées.
Le terreau des discriminations
Les femmes, les gays et les bisexuels, les moins de 40 ans, les musulmans et les personnes non blanches sont surreprésentés parmi les victimes de microagressions. « Ce sont là les signaux faibles où la discrimination peut s’enraciner, alerte cet ancien responsable des ressources humaines. Il y a une augmentation de la diversité dans les entreprises mais pas forcément du sentiment d’inclusion. »
Si les microagressions ont un impact négatif sur le bien-être au travail des victimes, la surprise de l’étude est qu’elles l’ont aussi sur celui des témoins. Trois quarts (75%) d’entre eux le déclarent, et deux tiers (64%) ont donc moins envie de venir travailler dans les bureaux de leur entreprise. » Ces expressions ont des répercussions négatives concrètes sur ce que recherchent aujourd’hui les entreprises : l’attractivité et l’engagement des collaborateurs. », constate Diane Gonin.
Entraînez-vous à mieux réagir
Les salariés souhaitent unanimement la tolérance zéro : 96% considèrent comme une priorité que l’entreprise réagisse en cas de microagression ; et 94 % demandent une formation pour savoir comment réagir lorsqu’ils sont témoins et éviter d’être eux-mêmes auteurs de violences.
» Se former, c’est aussi agir pour soi, soutient Diane Gonin. Qui que nous soyons, nous risquons tous d’être au moins affectés par des microagressions liées à l’âge. « .
C’est d’ailleurs le scénario le plus courant, observé par 77% des salariés. L’inclusion des seniors dans les entreprises est d’autant plus problématique qu’ils sont sous-employés en France. Toutefois, l’âgisme est considéré comme moins choquant que les situations de sexisme ou de racisme. » Les gens étant moins conscients de ce problème, la situation est banalisée. », identifie le cofondateur de Paritalité.
Les managers ont donc un rôle clé pour identifier et réagir à ces microagressions. Les témoins qui n’ont pas réagi ont cité comme raison la peur des conséquences et 22% d’entre eux n’ont pas osé répondre à un supérieur. Diane Gonin est catégorique : « les managers doivent viser un comportement exemplaire. Ce n’est pas seulement une question de justice sociale, mais aussi de productivité des équipes. »