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Les Marguerites Mortes – Allume-les


Nick Cave & the Bad Seeds reviennent avec un dix-neuvième album de rock hanté et céleste, intitulé Wild God.

« Parce que je suis un dieu sauvage qui vole et un dieu sauvage qui nage/Et un vieux dieu malade qui meurt et pleure et chante » : ne nous laissons pas berner par ces couplets de Nick Cave sur le titre blues de ce nouvel enregistrement studio avec les Bad Seeds. Leur alchimie instrumentale presque sorcière et la complicité fraternelle nouée avec Warren Ellis font de la prestation de Wild God l’une des plus accessibles de ces dernières années, traçant une ligne directe avec les envolées symphoniques du foisonnant double album Ghosteen (2019). « Ce monde est beau », scande Cave, dont le désir de transcender la mort et la perte se poursuit tout en creusant au plus profond de ses explorations mystiques, revenant même sur la scène du crime dans « Jubilee Street », point d’orgue de Push the Sky Away (2013).

Dès l’ouverture « Song of the Lake », ses roulements de tambours et ses guitares tendues sont rehaussés par des chœurs fervents et un Cave chamanique, répétant un « nevermind » parfaitement punk au milieu d’une cérémonie bien moins païenne qu’il n’y paraît. L’amour reste la clé de voûte narrative de Cave. D’abord celui pour sa femme, Susie, dont la figure traverse le romantique « Final Rescue Attempt », souligné par des synthétiseurs envoûtants (« And I will always love you/With the wind, with the wind, oh the wind in your hair »), ou « Conversion », récit d’une apparition incantatoire, électrique et gospel. Les passions du passé sont également convoquées, avec « O Wow O Wow (How Wonderful She Is) » dédié à Anita Lane, disparue en 2021. Cette chanteuse australienne fut autrefois membre de Birthday Party, des Bad Seeds et partenaire de Cave avec qui elle a écrit « From Her to Eternity » ou « Stranger Than Kindness ». L’hommage rendu ne tombe pas dans le larmoyant – d’ailleurs, Cave refuse toujours de faire pleurer les gens dans les chaumières, manipulant ses mots avec force métaphores, allégories et touches d’ironie parsemées tout au long d’un disque toujours prêt à recevoir des fantômes.

« Je me suis réveillé ce matin avec le blues dans la tête/J’avais l’impression que quelqu’un de ma famille était mort », entend-on dans « Joy », le morceau le plus long de Wild God (6 minutes), le plus familier à l’oreille de tout fan des mauvaises graines de Cave, qui se retrouvera dans la spiritualité des refrains. Bien sûr, on pense à la mort de ses deux fils, Jethro et Arthur, dont il a parlé le cœur ouvert et saignant dans le livre d’entretiens Faith, Hope and Carnage, directement à ses fans avec sa brillante newsletter, The Red Hand Files, ou par titres interposés. Enfin, le gospel paisible de « As the Waters Cover the Sea » clôture une œuvre sonore à la foi irrépressible, proclamant son amour pour Dieu. Nick Cave en sait quelque chose.

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Sophie Rosemont

Retrouvez cette chronique sur Nick Cave et les mauvaises graines et bien d’autres dans notre numéro 165, disponible en précommande.

Dieu sauvage est disponible

Voici la liste des pistes :

  1. La chanson du lac
  2. Dieu sauvage
  3. Grenouilles
  4. Joie
  5. Tentative de sauvetage finale
  6. Conversion
  7. Les chevaux à la cannelle
  8. Longue nuit noire
  9. O Wow O Wow (Comme elle est merveilleuse)
  10. Comme les eaux couvrent la mer

Grb2

Jewel Beaujolie

I am a fashion designer in the past and I currently write in the fields of fashion, cosmetics, body care and women in general. I am interested in family matters and everything related to maternal, child and family health.
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