Les forces derrière Meloni et Macron se disputent la troisième place au Parlement européen
Le camp du chef du gouvernement italien Georgia Meloni et celui du président français Emmanuel Macron se disputent la troisième place au Parlement européen, en tenant compte de la répartition des postes clés dans l’UE.
Le parti Fratelli d’Italia de Mme Meloni et d’autres forces d’extrême droite ont augmenté leur nombre de députés à Strasbourg après les élections européennes du 9 juin. En revanche, le groupe Renew Europe, qui regroupe libéraux et centristes, dont les élus français de la Renaissance, a perdu des sièges.
Fort de ces résultats, le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), où est basé Fratelli d’Italia, revendique aujourd’hui la troisième place au Parlement européen, avec 83 députés contre 81 pour Renew.
Un écart en apparence insignifiant mais qui change tout, selon le chef du gouvernement italien. Traditionnellement, les postes clés de l’Union européenne doivent être attribués en tenant compte des résultats des élections européennes.
« C’est un rôle de premier plan que je revendique pour l’Italie »a-t-elle déclaré mercredi dans le quotidien italien Il Giornale.
Cependant, les forces politiques arrivées en tête le 9 juin, les démocrates-chrétiens du PPE, suivis par les sociaux-démocrates du groupe S&D, entendent reconstituer la majorité qu’ils avaient avec les centristes de Renew lors de la précédente législature.
Ces trois groupes politiques disposent d’une majorité confortable d’environ 400 sièges sur un total de 720 députés.
Forts de ce calcul, les dirigeants européens du PPE, du S&D et de Renew ont commencé à discuter entre eux lundi soir, lors d’un sommet européen des 27, de l’attribution des crédits. « les meilleurs emplois »les positions clés dans l’UE.
« Surréaliste »
Au grand désarroi de Mme Meloni qui a jugé « surréaliste » ne pas être invité à la table des négociations. « Les élections ont clairement déplacé le centre de gravité de l’Europe vers la droite »sans que cela ne change quoi que ce soit à la table des 27, a-t-elle expliqué à Giornale.
Mme Meloni compte se rattraper lors du prochain cycle de négociations, qui aura lieu jeudi et vendredi prochains à Bruxelles lors d’un nouveau sommet européen.
La bataille pour la troisième place est cependant loin d’être terminée. Il faudra attendre mercredi pour mesurer précisément le rapport de force entre ECR et Renew, suite à la constitution formelle des groupes, et aux derniers rassemblements encore possibles avant cette date.
Le paysage devrait donc s’éclaircir jeudi pour le sommet des 27 qui doit désigner les présidents de la Commission européenne, du Conseil européen, ainsi que le chef de la diplomatie européenne.
Ursula von der Leyen, soutenue par le PPE, semble bien placée pour se voir confier un second mandat à la tête de la Commission européenne. Un large consensus s’est dégagé sur son nom lundi soir, lors d’un dîner informel des dirigeants européens. Si ce choix est confirmé jeudi ou vendredi, il devra cependant encore recevoir l’aval du Parlement européen.
La présidence du Conseil européen, qui rassemble les dirigeants des 27, devrait revenir à l’ancien Premier ministre socialiste portugais Antonio Costa, et le poste de chef de la diplomatie européenne à la Première ministre estonienne Kaja Kallas, membre de Renew.
Metsola à son poste
L’actuelle présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, devrait conserver son poste.
Ces décisions sont prises à la majorité qualifiée entre les 27 et Mme Meloni n’a pas, a priori, les moyens de s’y opposer.
« Elle n’est en aucun cas une faiseuse de roi »a résumé un diplomate européen expérimenté dans les négociations entre les États membres de l’UE.
Au Parlement européen, le camp de Mme Meloni, même associé au reste de l’extrême droite, dont le Rassemblement national français de Jordan Bardella ou le Fidesz de Viktor Orban, ne dispose pas de majorité.
Même si le groupe ECR confirmait sa troisième place, cela ne modifierait pas l’équilibre au sein du Parlement, affirme une source parlementaire du PPE.
Rien pour autant de décourager Mme Meloni.
« Je pense que dans le parlement actuel, sur plusieurs dossiers, nous verrons qu’il peut y avoir un changement dans les sujets traités, dans les priorités, dans la manière d’envisager certaines politiques »dit-elle en promettant « des surprises ».