Les fermetures d’usines s’accélèrent au premier semestre
Les délocalisations continuent de peser sur l’industrie française. Selon le baromètre Trendeo, les fermetures d’entreprises ont augmenté plus vite que les ouvertures d’usines entre janvier et juin.
La réindustrialisation marque-t-elle le pas en France ? Les annonces de fermetures d’entreprises dans l’industrie et l’énergie ont progressé plus vite que celles d’ouvertures de nouvelles usines au premier semestre, même si ces dernières restent plus nombreuses, selon le cabinet spécialisé Trendeo. De janvier à juin, Trendeo a enregistré 61 annonces de fermetures d’usines ou d’ateliers de plus de 10 salariés, souvent lors de liquidations judiciaires, soit une hausse de 9% par rapport aux six premiers mois de 2023, a indiqué Yves Cousquer, fondateur de Trendeo.
Le cabinet a également enregistré 79 annonces d’ouvertures de nouveaux sites industriels, en baisse de 4% par rapport au premier semestre 2023. Le solde net reste positif, avec 18 ouvertures annoncées de plus que de cessations d’activité, mais il est en baisse de 30% par rapport au premier semestre 2023 (solde de 26), a ajouté le cabinet dimanche. Le baromètre Trendeo est l’un des outils de suivi des efforts de réindustrialisation du pays depuis 2017.
Déménagements
La tendance s’est accélérée durant l’été, constate Yves Cousquer : en juillet-août, 5 nouvelles usines ont été annoncées pour 10 fermetures. Ces chiffres corroborent les tendances des statistiques générales publiées par la Banque de France : les défaillances d’entreprises ont augmenté en août, atteignant toutes catégories confondues leur niveau de 2019. Cela correspond à un record de 50 % de faillites dans l’industrie en un an, malgré la volonté du gouvernement de réindustrialiser le pays. La Cour des comptes a également statué vendredi « décevant » le dispositif de détection et de traitement des PME de moins de 250 salariés en difficulté, alors que ces entreprises représentent « l’essentiel du tissu productif français ».
Parmi les 10 annonces de fermetures de sites industriels recensées durant l’été, M. Cousquer discerne un noyau de PME qui avaient été créées ou reprises entre 2015 et 2017, au début du mouvement de réindustrialisation. L’entreprise de chaussures sur mesure Chamberlain en Dordogne, l’entreprise de bâches et stores Kalium dans l’Indre, l’entreprise de fabrication textile Kraft Company dans la Loire, ou encore MC International Molds en Saône-et-Loire, ont ainsi annoncé leur fermeture.
Trendeo a également noté le mouvement continu de délocalisations d’activités chez certains grands acteurs industriels depuis le début de l’année. Parmi celles-ci, la suppression de 260 postes en France par IBM annoncée en mars, liée à une « Optimiser les centres de services partagés offshore » du géant de l’informatique. Egalement annoncé en mars : deux des trois lignes de production de boîtes de vitesses de Stellantis à Metz vont déménager en Inde et en Italie. Chez Bosch, la production de directions assistées électriques du site de Marignier en Haute-Savoie est délocalisée en Europe de l’Est.
Energie, matériaux avancés
En matière de réindustrialisation, la rentrée a été marquée par l’inauguration de sites dont l’ouverture était annoncée depuis plusieurs années. Constellium a ainsi quasiment doublé sa capacité de recyclage d’aluminium à Neuf-Brisach (Moselle). Dans le secteur du luxe, Hermès a inauguré sa 23e usine de maroquinerie-sellerie dans le Puy-de-Dôme à Riom, avec 250 artisans, et a trois autres projets de fabrication en cours, à L’Isle-d’Espagnac (Charente), Loupes (Gironde) et Charleville-Mézières (Ardennes).
Les cinq ouvertures d’usines ou d’ateliers annoncées en juillet-août concernent presque toutes le secteur de l’énergie ou celui du traitement et du recyclage des déchets et matériaux, en pointe dans la transition énergétique. Hydrovolt (joint-venture entre le norvégien Norsk-Hydro et le suédois NorthVolt) a ainsi annoncé un site lié au recyclage des batteries à Hordain qui emploiera 15 personnes. Enerdigit, société d’optimisation de la consommation électrique, ouvre un atelier de fabrication de boîtiers de suivi en temps réel de la consommation des entreprises à Nantes, après avoir levé 20 millions d’euros (20 salariés).
TechNature ouvrira en septembre 2025 à Brest, en Bretagne, une usine de 5.000 m² pour la fabrication de produits cosmétiques à base d’algues (60 à 80 salariés). Et le belge Galactic a repris en août une partie des activités de Metex à Carling Saint-Avold pour la fabrication de microprotéines par fermentation de champignons ; il prévoit d’employer 40 personnes en 2026.