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Officiellement, la Terre n’est pas entrée dans l’anthropocène, conclut la communauté des géologues

Depuis que le chimiste atmosphérique Paul Crutzen (prix Nobel 1995) a popularisé la notion d’Anthropocène au tournant du siècle, l’usage de ce mot s’est répandu dans la société. Au point de faire naître l’idée que l’Anthropocène – l’époque géologique dominée par les activités humaines – est déjà gravée dans le marbre à l’échelle des temps géologiques, succédant à l’Holocène (qui commença il y a 11 700 ans), lui-même faisant suite au Pléistocène ( de – 2,6 millions d’années à – 11 700 ans).

L’Union internationale des sciences géologiques (UISG) vient de rappeler que les choses ne sont pas si simples. Au terme d’un processus formel d’examen du dossier, entamé il y a quinze ans, l’organisme savant, gardien des tables stratigraphiques, a exclu l’inclusion de l’Anthropocène comme période géologique. Du point de vue de la communauté des géologues, la Terre n’est donc pas entrée dans une nouvelle phase de son histoire.

Le 21 mars, l’UISG l’annonçait officiellement : le vote « le rejet de la proposition d’une époque Anthropocène comme unité formelle de l’échelle des temps géologiques a été approuvé ». Le vote en question, dont les résultats ont été dévoilés le 5 mars par le New York Times, était intervenu deux semaines plus tôt au sein de la sous-commission de stratigraphie quaternaire (SQS), un organe de la Commission stratigraphique internationale (ICS), elle-même émanée de l’UISG. A tous les étages de ce bâtiment institutionnel, le vote de la SQS a été « massivement soutenu ».

« Une réticence à prendre en compte le manque de temps »

Un soutien institutionnel qui masque de profonds regrets au sein de la communauté scientifique au sens large. En 2009, l’IUGS a créé un groupe de travail multidisciplinaire d’une trentaine de chercheurs, l’Anthropocène Working Group (AWG), chargé de mener à bien la proposition de « validation stratigraphique » de l’Anthropocène. Pendant quinze ans, l’AWG a rassemblé la littérature scientifique pertinente et, au terme de cette enquête, a proposé de faire démarrer la nouvelle ère géologique en 1950. Une date conforme aux exigences des stratigraphistes : une nouvelle ère géologique doit être caractérisée par des phénomènes à grande échelle. des modifications du système Terre, durablement détectables dans les sédiments, les roches ou encore la glace.

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Cependant, à partir du milieu du XXe sièclee siècle, « Les couches sédimentaires de l’Anthropocène diffèrent des couches de l’Holocène» a soutenu le GTS. Ils peuvent être caractérisés à l’aide de plus de 100 signaux à longue durée de vie, notamment des radionucléides anthropiques, des microplastiques, des cendres et des résidus de pesticides, dont la plupart ont commencé à s’accumuler au milieu du XXe siècle.e siècle « . Les trente membres du groupe se sont exprimés à près de 90 % en faveur de la validation stratigraphique de l’Anthropocène. Finalement, leur proposition n’a pas convaincu les membres de la SQS.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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