les explications commencent entre la direction et les salariés
Après la suspension du comité social et économique extraordinaire jeudi 13 juin 2024, la direction et les représentants du personnel se sont à nouveau réunis mardi 25 juin sur le site Poulain, à Villebarou. Les délégués syndicaux étaient déterminés à demander des explications sur le projet de fermeture de l’usine.
Durant les jours précédant ce CSE, l’intersyndicale, aidée par des experts et son avocat Thomas Hollande, a pu prendre le temps d’examiner tous les documents relatifs aux raisons économiques qui ont poussé le groupe à se séparer de cette production blésoise.
Une délocalisation annoncée à plusieurs reprises
« Nous avons préparé notre défense. La moitié des informations sont fausses, déplore Tony Anjoran, délégué syndical CGT Poulain, précisant que la marque Poulain serait conservée mais que sa production serait délocalisée sur plusieurs sites pour réduire les coûts de production. Le bras de fer ne fait que commencer. Nous considérons qu’il s’agit avant tout d’un projet pour notre actionnaire, le fonds d’investissement français Eurazéo. On apprend que la production de chocolat liquide devrait être sous-traitée au fabricant européen Barry. L’usine strasbourgeoise appartenant à Carambar & Co et qui fabrique la marque Suchard recevrait alors le chocolat liquide pour fabriquer des moules et des packagings pour la marque Poulain.
Par ailleurs, la poudre de chocolat serait sous-traitée à Kruger en Allemagne. C’est ce même groupe qui avait repris, un an plus tôt, la production de poudres de chocolat (marques Kaba et Benco) pour le marché européen que fabriquait le site de Villebarou. Quant aux barres dites gourmandes, elles seraient fabriquées en Belgique.
« La stratégie d’Eurazéo est de céder Carambar & co d’ici deux ans. Pendant ce temps, les actionnaires se débarrassent des sites trop coûteux. Poulain est pourtant la deuxième marque rentable du groupe. »ajoute Tony Anjoran.
Les syndicats réclament également des comptes sur le montant annoncé par le groupe de 18 millions d’euros d’investissements qui seraient nécessaires à l’usine de Villebarou.
Pour soutenir les salariés dans leur combat, une opération de remorquage a été réalisée par une dizaine de militants CGT ce mardi, entre 6 heures et 9 heures, devant l’usine. « Nous n’appelons pas au boycott de Poulain, bien au contraire, explique Christine Bariaud, de la CGT 41. La stratégie est de montrer que la marque se porte bien. Les trois mois de stocks réalisés ont déjà commencé. Les consommateurs réagissent bien. » Le syndicat pourrait renouveler cette campagne devant un grand supermarché de Blés, afin de toucher plus massivement la population.