les entreprises hésitent à renouveler leur flotte
Renouveler leur flotte : 60% des entreprises françaises ne respectent pas leurs obligations
Votée en 2019, la loi d’orientation des mobilités (LOM), entrée en vigueur en 2023, prévoit que les entreprises françaises disposant d’une flotte de plus de 100 véhicules (environ 3 450 entreprises) doivent renouveler leur flotte à hauteur de 20 % en 2024 (10 % en 2023). ) par des véhicules à faibles émissions, et atteindre 70 % de renouvellement en 2030. Cela correspond essentiellement aux acquisitions de véhicules électriques ou hybrides rechargeables. Or, les résultats d’une étude réalisée par l’ONG Transport & Environnement (T&E) indiquent que plus de la moitié des entreprises françaises concernées, soit 60 % de ces entreprises ne répondent pas à ces critères, alors qu’elles immatriculent 6 véhicules légers neufs sur 10.
» En 2023, seuls 8 % des véhicules neufs immatriculés par les grands groupes soumis à la loi étaient électriques, soit près de trois fois moins que les ménages, qui en étaient déjà à 22 %. Ces entreprises ont les moyens de faire mieux. Un tel pouvoir de marché implique nécessairement de grandes responsabilités », déplore Léo Larivière, responsable de la transition automobile chez T&E France et auteur de l’étude. L’ONG T&E ne se contente pas de pointer du doigt les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations de renouvellement de leur flotte. Cette dernière mène un véritable lobbying auprès des organisations européennes, allant jusqu’à demander la suppression des véhicules hybrides de la liste des véhicules propres pour les entreprises, arguant que ces derniers consomment plus que les voitures essence ou diesel et qu’ils auraient donc le même empreinte carbone.
Un projet de loi pour durcir les objectifs et sanctionner les entreprises récalcitrantes
Ce sujet ne laisse pas indifférent le député Renaissance de Seine-et-Marne, Damien Adam. Cette dernière a déposé un projet de loi en décembre 2023, qui a été adopté le 9 avril 2024 par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, avant son passage à l’Assemblée nationale le 30 avril 2024. Son objectif ? Renforcer les objectifs de renouvellement de flotte pour les entreprises françaises soumises à la loi LOM. Concrètement, cela impose aux entreprises de disposer d’une flotte composée à 30 % de véhicules électriques d’ici 2025, 40 % d’ici 2026, 50 % en 2027 et 95 % en 2032. ! En cas de non-respect, les entreprises pourraient se voir infliger une amende pouvant aller jusqu’à 1% de leur chiffre d’affaires annuel, voire conduire à leur exclusion des marchés publics ! » Cette loi constitue une avancée majeure pour la France. Il établit non seulement des objectifs plus ambitieux mais également un cadre de contrôle et de sanctions qui faisait cruellement défaut auparavant. », s’est enthousiasmé Léo Larivière. » La réforme Adam réduira à elle seule les émissions du secteur automobile de 57 millions de tonnes de CO2 en dix ans. C’est comme si le trafic aérien français s’était complètement arrêté depuis presque 2 ans et demi « , il dit.
Si l’objectif de réduction de l’empreinte carbone des entreprises est louable, il semble néanmoins omettre plusieurs points. Premièrement, les voitures électriques ne conviennent pas à tous les types de travail, notamment aux commerciaux qui peuvent parcourir des centaines de kilomètres en une seule journée. Deuxièmement, les voitures électriques ne seraient rentables que pour un usage combiné urbain et non urbain à partir du 27 000ème kilomètre ! Sans parler du prix d’achat, de l’autonomie, du manque de bornes de recharge… Il semble que ce projet de loi cherche la faillite de nos entreprises françaises qui croulent déjà sous le mille-feuille des normes européennes. Ou serait-ce une invitation à déménager pour eux ? Notons également que les deux premiers constructeurs de voitures électriques sont américains et chinois : Tesla et BYD.Cette dernière propose des véhicules électriques bien moins chers que ceux de nos constructeurs européens, et BYD construit une première usine en Hongrie et prévoit d’en avoir une deuxième prochainement afin de bénéficier des aides publiques des pays européens pour l’achat d’une voiture électrique… Cela nous amène à nous demander : à qui profitera réellement cette réglementation ?