les électeurs se préparent à élire la première femme présidente de l’histoire du pays
Deux personnes ont été tuées dans deux attaques contre des bureaux de vote ce dimanche alors que le pays s’apprête à élire la première femme présidente de cet Etat en proie au trafic de drogue.
Les électeurs mexicains se rendent aux urnes ce dimanche 2 juin et s’apprêtent à élire, sauf drame, la première femme présidente de l’histoire du pays, en proie à des violences liées au trafic de drogue et où l’ONU dénombre une dizaine de féminicides par jour.
La favorite de ce scrutin est la candidate de la gauche au pouvoir, Claudia Sheinbaum, 61 ans, devant son rival de centre-droit Xochitl Galvez. Le troisième candidat est Jorge Maynez, représentant du parti minoritaire Mouvement Citoyen.
Le jour du scrutin a été marqué par la violence
La violence a cependant pris le pas sur le jour des élections dans le plus grand pays hispanophone du monde, où se déroulent également des élections locales. Ce dimanche, deux personnes ont été tuées dans deux attaques contre des bureaux de vote dans deux localités de l’État de Puebla (centre), a indiqué une source sécuritaire du gouvernement local.
Quelques heures plus tôt, dans la nuit de samedi à dimanche, Israel Delgado, 35 ans, candidat à une élection locale dans l’État du Michoacan, à l’ouest du pays, a été tué par balle. Avant lui, au moins 25 candidats avaient été assassinés, selon les décomptes de l’AFP.
Une participation potentiellement « historique »
De Cancun (sud-est) à Mexico, des files d’attente ont commencé à se former dimanche dès l’ouverture des bureaux de vote à 8h00 heure locale (14h00 GMT pour Mexico). « Je pense que ça va être historique en termes de participation »» déclare Ana Hernandez, politologue de 28 ans, devant un bureau de vote de la capitale.
En trois mois de campagne, Claudia Sheinbaum, du Mouvement pour la régénération nationale (Morena) et ancienne maire de Mexico (2018-2023), a régulièrement battu Xochitl Galvez de 17 points en moyenne, soutenue par une coalition de trois partis.
Clemencia Hernández, une femme de ménage de 55 ans, s’apprête à voter en premier. « Une femme présidente sera transformationnelle et espérons qu’elle fera davantage pour ce pays. Ici, la violence contre les femmes est de 100%”, elle dit. Elle veut aussi apporter son vote à la gauche sortante. « Aucun gouvernement ne s’est autant préoccupé du sort des personnes âgées »» argumente-t-elle, en référence au président Andres Manuel López Obrador.
Eunice Carlos, une retraitée de 70 ans attendant de voter dans le quartier résidentiel de Polanco, juge au contraire qu’il était « un président très nuisible, d’abord parce qu’il nous a divisés ». « Mon vote va en faveur de la démocratie avec Xochitl Galvez ».
Les électeurs sont également appelés à renouveler le Congrès et le Sénat, à choisir les gouverneurs dans neuf des 32 États et à nommer les députés et maires locaux. Au total, 20 000 postes sont à pourvoir lors de ces élections à un tour. Les premières tendances pour l’élection présidentielle seront connues quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, à 18h00 (00h00 GMT pour Mexico).
« Le temps des femmes »
« Nous allons écrire l’histoire », a clamé Claudia Sheinbaum, portée par la popularité du président sortant, lors de son dernier meeting de campagne mercredi à Mexico. « L’heure est aux femmes et à la transformation »» dit-elle aux femmes mexicaines, qui dénoncent à l’unisson une société machiste. «Cela signifie vivre sans peur et sans violence», elle a ajouté. Chaque jour, neuf à dix femmes en moyenne sont assassinées au Mexique, selon ONU Femmes.
Xochitl Galvez mise sur un « vote caché » en sa faveur, ce qui aurait échappé aux sondages. D’origine modeste, cette fille d’un père autochtone, chef d’entreprise, a dénoncé l’échec de la politique sécuritaire du gouvernement sortant, parlant de « 186 000 personnes assassinées et 50 000 personnes portées disparues » depuis 2018.
Lutte contre les cartels, les gangs et les gangs
La lutte contre la violence des cartels, des gangs et des gangs sera le premier défi du futur président, selon Michael Shifter, chercheur au centre d’analyse Dialogo Interamericano, dont le siège est à Washington. Au total, quelque 450 000 personnes ont été assassinées depuis 2006, lorsque l’ancien président Felipe Calderon a envoyé l’armée contre les cartels.
Claudia Sheinbaum a promis de poursuivre la politique actuelle, qui consiste à s’attaquer aux causes de la violence plutôt qu’à toute répression, tout en luttant contre « impunité ». Son concurrent veut mettre un terme à « croisillons » aux cartels.
Relation intense et complexe avec les États-Unis
La « présidente » devra également consolider l’État providence dans un contexte budgétaire dégradé. Les prévisions prévoient un déficit de 5,9 % du PIB pour 2024, le plus important depuis des décennies. Elle devra également gérer la relation bilatérale intense et complexe avec les États-Unis. Washington demande au Mexique de lutter contre le trafic de fentanyl, une drogue de synthèse qui provoque des milliers d’overdoses aux Etats-Unis.
Le Mexique, de son côté, a déposé deux plaintes aux Etats-Unis contre des fabricants d’armes américains, qu’il accuse d’être responsables de tueries sur son territoire. Les deux pays sont confrontés au défi d’une immigration clandestine qui bat des records, avec 2,4 millions d’arrestations côté Etats-Unis en 2023, selon les autorités américaines. La « présidenta » devra alors attendre l’élection de novembre au nord du Rio Grande pour savoir si son interlocuteur sera le président démocrate sortant Joe Biden ou le républicain Donald Trump.