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Les dépouilles des humanitaires tués à Gaza sont arrivées en Egypte, Israël reconnaît une « grave erreur » – 03/04/2024 à 21:37

Des ambulances, transportant les dépouilles des travailleurs humanitaires de l’ONG américaine World Central Kitchen, arrivent au point de passage de Rafah avec l’Egypte, au sud de la bande de Gaza, le 3 avril 2024 (AFP/SAID KHATIB)

Les corps de six travailleurs humanitaires étrangers tués lors d’une frappe israélienne sont arrivés mercredi en Egypte pour être rapatriés dans leurs pays respectifs, Israël qualifiant cette frappe de « grave erreur ».

Cette frappe, qui a suscité une vague de critiques internationales, intervient après près de six mois d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre.

Elle a tué lundi sept membres de World Central Kitchen (WCK, basé aux Etats-Unis) à Deir al-Balah (centre) qui venaient de décharger « plus de 100 tonnes de nourriture amenées à Gaza par voie maritime », selon l’ONG.

Les dépouilles des six Occidentaux (un Australien, un Polonais, un Américano-Canadien et trois Britanniques), tués avec un humanitaire palestinien, sont arrivées mercredi soir en Egypte, ont annoncé des sources sécuritaires égyptiennes. Ils ont été remis aux représentants de leurs pays pour rapatriement.

Il s’agit d’une « erreur grave » qui « n’aurait pas dû se produire », a reconnu le chef d’état-major israélien Herzi Halevi, évoquant « une mauvaise identification » dans des « conditions très complexes ».

La veille, le président israélien Isaac Herzog avait présenté ses « excuses », son Premier ministre Benjamin Netanyahu évoquant une frappe « tragique ».

WCK a annoncé qu’elle suspendrait ses opérations dans la région.

– « Colère et inquiétude » –

Des membres du personnel des Nations Unies inspectent la voiture dans laquelle voyageaient des travailleurs humanitaires étrangers, tués par une frappe israélienne, le 2 avril 2024 à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza (AFP/-)

L’ONG qui se disait « dévastée » par la mort de ses collaborateurs avait, depuis le 7 octobre, fourni des repas dans le territoire palestinien, où la majorité des quelque 2,4 millions d’habitants est menacée de famine selon l’ONU.

Mi-mars, elle a participé à l’envoi du bateau de premiers secours vers Gaza depuis Chypre.

Mercredi, le Premier ministre australien Anthony Albanese a fait part de sa « colère et de son inquiétude » à son homologue israélien, la Pologne ayant annoncé convoquer l’ambassadeur israélien pour discuter de la « responsabilité morale, politique et financière » d’Israël.

La veille, le Royaume-Uni avait annoncé qu’il convoquerait l’ambassadeur israélien pour lui exprimer sa « condamnation sans équivoque » de la frappe israélienne.

Un homme pousse un vélo à travers les ruines autour du district hospitalier d’al-Chifa à Gaza, le 3 avril 2024 (AFP/-)

L’ONU a de son côté dénoncé un « mépris du droit international humanitaire » et de ses travailleurs, le président américain Joe Biden s’est dit « indigné », estimant qu’Israël ne protège pas « suffisamment » les personnes venant en aide aux « affamés ». Population palestinienne.

La frappe israélienne contre les sept membres de World Central Kitchen « a les caractéristiques d’une frappe aérienne de précision, indiquant que l’armée israélienne avait l’intention de frapper ces véhicules », a déclaré Richard Weir de l’ONG Human Rights Watch (HRW), cité dans un communiqué. .

Depuis le début de la guerre, 196 travailleurs humanitaires ont été tués, dont 175 membres de l’ONU, selon son secrétaire général, Antonio Guterres.

– « Nous souffrons » –

Une Palestinienne assise à côté d’un patient dans un hôpital du centre de la bande de Gaza, le 3 avril 2024 (AFP/-)

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d’Israël qui a fait au moins 1.170 morts, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.

Selon Israël, plus de 250 personnes ont été kidnappées et 130 d’entre elles sont toujours otages, dont 34 sont mortes à Gaza.

En représailles, Israël a promis d’anéantir le Hamas et a lancé une campagne de bombardements aériens sur la bande de Gaza, suivie d’une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d’avancer du nord au sud de la petite bande de terre.

Au moins 32.975 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans les opérations israéliennes, selon le Hamas, faisant état mercredi de 59 morts en 24 heures.

Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire assiégé où l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël, arrive au compte-goutte.

Un enfant palestinien assis dans les décombres d’un immeuble détruit par une frappe israélienne à Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 2 avril 2024 (AFP / MOHAMMED ABED)

Un corridor maritime, ainsi que des parachutages d’aide, ont été mis en place en raison de la difficulté d’acheminer de la nourriture par voie terrestre, mais de nombreux pays et organisations humanitaires considèrent que la voie terrestre est le meilleur moyen de permettre l’acheminement de l’énorme aide que le besoins de la population.

A Gaza, des images de l’AFP montrent des cohortes d’hommes marchant dans les décombres le long d’une route où se succèdent immeubles éventrés et magasins fermés. « Nous souffrons pour rapporter de la farine et nourrir nos jeunes enfants », a déclaré à l’AFPTV un homme dans la ville de Gaza, où il venait de recevoir une aide alimentaire.

– « Risque plausible de génocide » –

Fumée au-dessus de Khan Younes lors des bombardements israéliens, au sud de la bande de Gaza, le 3 avril 2024 (AFP / SAID KHATIB)

Dans ce contexte, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU examinera vendredi un projet de résolution condamnant « l’utilisation par Israël d’armes explosives à large spectre d’action » dans les zones peuplées de Gaza et appelant à un embargo sur les armes contre Israël. Le texte évoque « le risque plausible d’un génocide à Gaza ».

Après une vaste opération de deux semaines dans le complexe hospitalier al-Chifa de la ville de Gaza, l’armée israélienne a indiqué mardi qu’elle poursuivait ses opérations dans la ville de Khan Younes (sud), notamment dans la zone de l’hôpital Al. . -Amal, qui a dû cesser ses activités il y a une semaine en raison des opérations israéliennes.

Elle accuse les hôpitaux de bases d’hébergement du Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne.

Sur le front des négociations autour d’un projet de trêve, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a accusé mercredi Israël de tergiverser. Mardi, le bureau du Premier ministre israélien a déclaré que son équipe de négociateurs était revenue d’un nouveau cycle de négociations au Caire. Une affirmation démentie par un leader du Hamas.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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