Les civils entre angoisse et impuissance – Libération

Après la mort de dix réfugiés syriens au Sud-Liban dans une frappe de l’armée israélienne dans la nuit de vendredi à samedi 17 août, les tensions sont à leur comble. Dans le brouillard des négociations, les Libanais craignent que le conflit ne s’éternise.

Sur la colline où se dresse le village de Blatt, au sud du Liban, quatre corps défilent enveloppés dans un linceul rouge satiné. Une poignée d’hommes transportent les restes de civils morts dans la nuit de vendredi 16 à samedi 17 août dans le sud du pays. Dix réfugiés syriens, tués dans un bâtiment jouxtant un entrepôt ciblé par l’armée israélienne à Nabatieh, à quelques kilomètres au nord de la frontière. Le village traverse son onzième mois de guerre, et le cortège funèbre se déroule sous le bourdonnement de l’aviation israélienne. « Des lâches ! Des criminels ! » « Je suis très fière de moi », s’exclame Abou Muhammad, 80 ans. De sa hauteur, il regarde le linceul qui recouvre la silhouette d’un corps minuscule… Celui de son petit-fils, Ahmed, âgé de 18 mois.

L’oncle d’Ahmed est là, il titube, ne veut pas voir le corps de son neveu disparaître dans la tombe. Il met un pied dans la tombe, et éclate en sanglots en prononçant son nom. Deux hommes le rattrapent, l’un d’eux met sa main sur sa bouche pour étouffer ses sanglots. « Ça suffit, laissez-le partir…