Nouvelles locales

le nombre de personnes menacées par la faim dans le monde n’a jamais été si élevé

Dans un camp de déplacés près de Goma, en République démocratique du Congo, après une distribution alimentaire, le 17 mars 2024.

C’est un résumé des catastrophes planétaires : effets dévastateurs de la sécheresse en Afrique australe, violence des gangs en Haïti, risque imminent de famine à Gaza… Le nombre de personnes menacées par la faim dans le monde n’a jamais été aussi élevé. En 2023, 281 millions de personnes dans 59 pays étaient confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, selon le rapport mondial sur les crises alimentaires, publié mercredi 24 avril par plusieurs organisations internationales (agences de l’ONU, Union européenne, Agence des États-Unis pour le développement international…). Ce chiffre est en hausse par rapport à 2022 (257 millions) et pour la cinquième année consécutive.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’ONU alerte sur la gravité record des crises alimentaires dans le monde

« Ce rapport ressemble à un catalogue des échecs de l’humanité, prévient le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, en préambule de cette analyse. Dans un monde d’abondance, les enfants meurent de faim »le diplomate s’indigne.

Contrairement à d’autres évaluations internationales qui documentent l’insécurité alimentaire chronique à travers le monde, le rapport sur les crises alimentaires se concentre sur les régions confrontées aux points chauds de la faim les plus extrêmes – le plus souvent à la suite d’un choc (conflit armé, crise économique ou événement climatique) – nécessitant une réponse d’urgence. Elle s’appuie sur une échelle de classification de l’insécurité alimentaire qui distingue cinq niveaux avant la famine. Au fil des années, le nombre de territoires et de pays étudiés dans ce cadre a augmenté. Si ce périmètre évolutif rend plus difficiles les comparaisons d’une année sur l’autre, il reflète aussi une multiplication des zones de crise, et donc, in fine, des personnes confrontées à l’urgence.

En 2022, 22,5 % de la population était menacée par la faim dans 58 pays analysés, contre 21,5 % un an plus tard, sur une zone plus large. « Ces chiffres peuvent être difficiles à interpréter, observe Michael Siegel, directeur du plaidoyer à Action contre la Faim. Au seul regard de la prévalence, on pourrait croire à une légère amélioration, mais, la zone couverte étant plus vaste, il s’agit bien d’une augmentation du nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire aiguë. »

« Une arme de guerre »

L’année 2023 a été marquée par de nouvelles crises humanitaires fulgurantes. A Gaza, l’ensemble des 2,2 millions d’habitants sont aujourd’hui confrontés à la faim, en raison de l’offensive israélienne lancée au lendemain de l’attentat terroriste du Hamas du 7 octobre ; et la moitié de la population est touchée à un niveau catastrophique. Du jamais vu à cette échelle, depuis vingt ans que la classification de l’insécurité alimentaire est utilisée. Un mois après un rapport alarmant, mi-mars, sur l’explosion de la faim à Gaza, « les conditions nécessaires pour prévenir la famine – notamment la cessation immédiate des hostilités – ne sont toujours pas réunies »note Fleur Wouterse, directrice adjointe du bureau d’urgence et de résilience de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Il vous reste 53,48% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page