les cheminots obtiennent des retraites anticipées, et lèvent leur menace de grève
Ce fut une longue confrontation, finalement gagnée par les cheminots. Les quatre syndicats représentant la SNCF ont tous signé un accord avec la direction sur la fin de carrière des cheminots. Après la CGT-Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots la semaine dernière, Sud-Rail a annoncé ce lundi son intention de signer cet accord après consultation de ses adhérents. L’accord permet « compenser en partie les effets néfastes de la réforme des retraites », a déclaré à l’AFP le secrétaire fédéral de Sud-Rail, Erik Meyer. Les membres du syndicat ont voté massivement en faveur d’une signature.
En conséquence, Sud-Rail a décidé de ne pas déclencher de grève en mai, comme le syndicat avait menacé de le faire après le premier coup de semonce de la grève des contrôleurs, en plein week-end de vacances scolaires de février. . Le collectif informel regroupant les contrôleurs, le Collectif national ASCT (CNA), a également indiqué qu’il n’appellerait pas à la mobilisation. Sud avait déposé un préavis pour tout le mois de mai pour peser sur les négociations sur les fins de carrière, initialement prévues plus tard dans l’année mais avancées pour désamorcer le conflit des contrôleurs.
Retraite 15 mois avant l’âge légal
L’accord prévoit, entre autres, une amélioration du système de retraite anticipée, notamment pour les cheminots ayant occupé des postes d’une pénibilité avérée.
Les cheminots occupant un poste difficile, comme conducteurs ou aiguilleurs, pourront entamer une « cessation anticipée d’activité » 30 mois avant leur départ à la retraite dont 15 mois travaillés rémunérés à 100 % et 15 mois non travaillés rémunérés à 75 %. Pour les contrôleurs, le dispositif est encore plus avantageux avec un arrêt d’activité étalé sur 36 mois dont 18 mois non travaillés rémunérés à 75 %.
Les cheminots ayant plus de quinze ans d’ancienneté, mais sans pénibilité, pourront également bénéficier d’un dispositif de dix-huit mois, dont neuf mois à temps plein et neuf mois d’exonération d’activité, le tout étant rémunéré à 75 %. D’autres dispositions de l’accord incluent le travail à temps partiel de fin de carrière, rémunéré 10 % de plus que le temps effectivement travaillé. La direction a également proposé la création d’un niveau d’ancienneté supplémentaire pour améliorer la rémunération des cheminots en fin de carrière.
La SNCF en opération séduction
Cet accord a donc permis la signature de tous les partenaires sociaux sur un sujet aussi important, ce qui est très rare à la SNCF, selon les syndicats du groupe ferroviaire. Pour la CFDT-Cheminots, cela « marque le premier acte de la « plateforme de progrès social » » recherché par Jean-Pierre Farandou et présenté en février pour répondre à la grève des contrôleurs.
Si la SNCF est prête à faire autant d’efforts, c’est qu’elle veut éviter d’affronter de nouvelles grèves de grande ampleur. Durant le week-end du 16 février, le transporteur a reçu un énormeavec trois contrôleurs sur quatre arrêtés et des trains en marche » fortement perturbé « . « 850 000 Français vont enfin pouvoir partir en vacances » mais « Je regrette que 150 000 Français ne pourront pas partir », a déclaré sur BFMTV, le patron de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, concédant que « nous n’y sommes pas « .
Surtout, les syndicats ont menacé de nouvelles grèves cet été, lors des Jeux olympiques et paralympiques. La SNCF s’est néanmoins montrée rassurante. » À ce stade » pour les JO, « Je ne vois pas de risque particulier » perturbations et «Je ne suis pas du tout pessimiste », assurait Jean-Pierre Farandou fin mars. » Je pense que nous pourrons converger en mai, juin », a ajouté le patron du groupe public ferroviaire au micro de BFMTV et RMC.
Pour apaiser les syndicats, la compagnie ferroviaire offre aux salariés mobilisés pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques une prime de 50 euros par jour et une prime complémentaire de 200 à 500 euros, selon la période où ils prennent leurs congés. De leur côté, les syndicats sont sceptiques sur le chiffre de 1 500 euros (montant maximum des primes cumulées), qu’ils jugent difficile à atteindre ou réservé à une petite minorité. » Nous sommes dans cet ordre », a simplement indiqué le patron à propos du montant de 1 500 euros de primes.
La droite veut encadrer le droit de grève, contre l’avis du gouvernement et de la gauche
Pour » protéger les Français » devant » prises d’otages excessives et répétées » des usagers pendant les périodes de forte affluence comme les vacances scolaires, le président du groupe centriste Hervé Marseille a déposé en février en pleine mobilisation des contrôleurs de la SNCF, un texte porté au Sénat pour encadrer le droit de grève.
Un texte cependant loin de faire l’unanimité. Au micro de Sud Radio, le ministre délégué aux Transports Patrice Vergriete, a affirmé ce vendredi que « le gouvernement prendra position contre », a indiqué le ministre sur Sud Radio. » Il y a un problème de constitutionnalité avec ce projet de loi, le droit de grève reste un droit constitutionnel « .
(Avec l’AFP)