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Les « bébés Covid » sont désormais à l’école et ont du mal à suivre

Les bébés ne sortent pas beaucoup de la maison, mais ils souffrent toujours du confinement. Le New York Times s’est entretenu avec une trentaine d’enseignants, de pédiatres et d’experts de la petite enfance. Leurs expériences confirment ce que la recherche scientifique a commencé à identifier : les « bébés Covid » connaissent des retards de développement. Les enfants nés pendant le confinement ont plus de difficultés que les autres générations du même âge à tenir un crayon, à identifier les formes et les couleurs, à communiquer leurs besoins, à aller aux toilettes, à gérer leurs émotions et à interagir avec les autres.

Si les recherches ont déjà bien documenté les retards dans le niveau scolaire de ces enfants, notamment en mathématiques, elles sous-estiment le retard cognitif que les professionnels observent dans les écoles maternelles. La différence avec l’avant-pandémie est telle que« Nous parlons d’enfants de classes moyennes et supérieures qui jettent des chaises, mordent, frappent, sans l’autorégulation habituelle »insiste Tommy Sheridan, directeur adjoint de l’Association nationale américaine Head Start.

Un sous-développement qui s’explique par la nature particulière de ces premiers mois de vie passés à la maison. A un moment crucial pour la formation du cerveau, ces nourrissons ont joué avec trop peu de bébés et ont vu trop peu d’adultes (qui plus est souvent masqués) et leurs parents trop souvent stressés. Or, moins d’interactions entre adultes signifie plus de difficultés à assimiler le langage pour nos chérubins. Quant au stress ambiant, il génère chez eux un gaspillage d’énergie précieuse pour répondre à la zone du cerveau agitée par la peur.

« Nous parlons d’enfants de classes moyennes et supérieures qui jettent des chaises, mordent, frappent, sans l’autorégulation habituelle. »

Tommy Sheridan, directeur adjoint de la National Head Start Association

Les « bébés Covid » ont également passé plus de temps devant les écrans qu’avec des jouets éducatifs, tandis que leurs parents ont essayé de combiner télétravail et garde d’enfants. Les écrans ont non seulement endommagé leurs neurones, mais ils ont aussi affaibli leurs muscles, « parce qu’ils ne font que glisser »se lamente Sarrah Hovis, une institutrice du Michigan.

Les professionnels regrettent aussi la fermeture des crèches, où les premières socialisations facilitent grandement le passage à l’école maternelle. Un temps qui ne sera jamais rattrapé pour ces enfants, contrairement à ceux qui étaient un peu plus grands pendant le confinement.

Les familles défavorisées et non blanches sont les plus touchées

Si l’immense majorité des jeunes élèves sont concernés, tous ne sont pas égaux face à ces retards de développement. Aux États-Unis, les enfants issus de familles afro-américaines, hispaniques et à faibles revenus sont les plus touchés. Et ce cercle vicieux risque de perdurer, puisque ces familles n’envoient plus autant leur bébé à la garderie qu’avant la pandémie, faute de moyens.

Le gouvernement ne semble toutefois pas avoir pris le problème à bras le corps. Si des initiatives locales ont été prises pour augmenter le nombre d’assistants pédagogiques ou de programmes d’été juste avant la rentrée en maternelle, cette tranche d’âge n’a pas été prioritaire pour les 122 milliards de dollars (près de 114 milliards d’euros) d’aide fédérale distribués aux conseils scolaires.

Les troubles sont pourtant cliniques. Au-delà des enseignants, les professionnels de santé alertent sur une augmentation des troubles du comportement et des retards d’apprentissage du langage chez ces « bébés Covid ». Heidi Tringali, pédiatre à Charlotte (Caroline du Nord), relève également « Problèmes visuels, problèmes de force musculaire, problèmes de compétences sociales, problèmes d’attention – tous les déficits, vraiment ».

Heureusement, rien n’est irréparable. « Les déficiences de la petite enfance, lorsque le cerveau a 6 mois, ne prédéterminent pas le reste de leur vie. »rassure le Dr Dani Dumitriu, pédiatre et neuroscientifique à Columbia, qui reste optimiste quant à la capacité de ces enfants à rattraper leur retard au fur et à mesure de leur scolarité. Car les bienfaits de l’école restent inchangés : « Si les enfants viennent en classe, ils apprennent »conclut Sarah Hovis. En attendant, les comparaisons entre générations à niveau d’éducation égal resteront préoccupantes.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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