Les Antilopes, l’association lyonnaise qui vient en aide aux entrepreneurs en difficulté

Fermer sa porte quand on est entrepreneur est une étape traumatisante. Pour vous aider à traverser cette période difficile, des associations vous proposent de vous accompagner.

Guillaume Bourdon a connu les affres de la liquidation judiciaire. Celle de sa première agence de design, en 2012, qui employait 10 salariés. Une expérience très difficile, dit-il, marquée par un sentiment de honte et de culpabilité. À sa sortie du tribunal, il avait 10 jours pour trouver un appartement, pas d’allocations chômage, des dettes à rembourser et personne pour le soutenir. Depuis, Guillaume Bourdon a reconstruit une entreprise et, surtout, il a décidé d’aider ceux qui traversent des épreuves similaires. En 2013, il a créé l’antenne lyonnaise de Second souffle, une association dédiée aux entrepreneurs en difficulté. Aujourd’hui, elle est devenue indépendante et s’appelle désormais Les Antilopes.

Cette association propose un accompagnement gratuit aux dirigeants d’entreprise le plus en amont possible dans les procédures judiciaires, dès l’apparition des premières difficultés et avant qu’elles ne s’aggravent. « Il est souvent compliqué de faire accepter à un entrepreneur qu’il a besoin d’aide, qu’il n’est pas un super-héros, qu’il ne sait pas tout faire.souligne Guillaume Bourdon. Les trois quarts d’entre eux viennent nous voir trop tard, alors que la procédure de cessation a déjà été engagée. Dans ce cas, l’association les accompagne et, dans certains cas, les accompagne physiquement jusqu’au tribunal. » Entre 3 et 5 rendez-vous sont proposés, 180 bénévoles, eux-mêmes chefs d’entreprise, agissent en binôme auprès de ces entrepreneurs en détresse. Des séances avec des psychologues, également gratuites, sont proposées. L’objectif est de briser l’isolement à tout prix.

Combien d’entrepreneurs l’association Les Antilopes a-t-elle aidés dans la région lyonnaise ? Les chiffres sont en augmentation depuis deux ans : 300 ont franchi la porte l’an dernier, et ils devraient être 450 cette année. Une augmentation liée au nombre de faillites d’entreprises.

Selon les statistiques internes, 57% des entrepreneurs aidés parviennent à poursuivre leur activité, 25% passent directement en liquidation judiciaire. Les autres bénéficient d’un accompagnement plus long. Ils ont en moyenne 46 ans, 6 ans d’activité, réalisent un chiffre d’affaires de 300 000 euros et emploient 3 salariés. La majorité a suivi des études supérieures. Selon Guillaume Bourdon, « Ils sont épuisés par la série de crises de ces dernières années : le Covid, la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, la crise du secteur immobilier. » Au cours du premier semestre, 30 000 patrons ont perdu leur emploi dans tout le pays, selon le cabinet Altares. Un chiffre en hausse de 18% par rapport à la même période de l’année dernière.