les agriculteurs menacent un nouveau mouvement en novembre
Face à une situation économique jugée insupportable, les agriculteurs de plusieurs pays européens menacent de lancer un vaste mouvement de protestation en novembre. En France, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, et Jérôme Bayle, figure de la colère agricole en Haute-Garonne, ont parlé d’une action coordonnée et d’ampleur.
Le monde agricole est toujours en ébullition. Épidémies animales, récolte de blé catastrophique et désormais inquiétudes sur les semis de céréales : les agriculteurs français pourraient bien sortir leurs tracteurs pour un nouvel hiver de colère si aucun « signe concret » n’est constaté dans les semaines à venir.
Invité de la matinale de TF1 ce mercredi 16 octobre, Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des syndicats agricoles (FNSEA), est revenu sur les raisons de la colère des agriculteurs. Pour lui, les engagements gouvernementaux n’ont toujours pas été tenus et des mesures concrètes et une simplification dans les exploitations agricoles sont désormais attendues.
Par la voix de son président, le principal syndicat agricole a mis en garde contre une vague de mobilisation sans précédent qui pourrait bien toucher toute l’Europe.
« Nous avons dit que nous prendrions des décisions en novembre », a-t-il prévenu.
De son côté, Jérôme Bayle, agriculteur en Haute-Garonne et porte-parole des agriculteurs en colère, a confirmé cette menace dans un entretien à Actu Toulouse également publié ce mercredi. Une « action majeure » pourrait être lancée dès novembre.
« Un premier avertissement »
Faisant écho aux débuts du mouvement de l’année dernière – qui avait débuté par l’inversion des panneaux routiers à l’entrée des villes et conduit au blocage de plusieurs autoroutes – des panneaux ont de nouveau été démantelés en Occitanie ou en Eure-et-Loir. « Un premier avertissement », selon le syndicat Jeunes agriculteurs, allié à la puissante FNSEA.
Par ailleurs, l’inscription « tic-tac » a été peinte en jaune, couleur du deuxième syndicat agricole, la Coordination rurale, sur de grandes bâches noires devant le siège du Crédit agricole à Bergerac, en Dordogne. Dans l’Oise, Luc Smessaert, vice-président du syndicat majoritaire FNSEA, a prévenu : « les tracteurs sont chauds, dès qu’on aura fini de semer, on retournera dans la rue ».
Sans réaction rapide des pouvoirs publics, les agriculteurs envisagent de durcir le ton. Cependant, le budget récemment présenté par le gouvernement épargne largement le secteur agricole de l’austérité générale. Le texte prévoit notamment l’abandon de la hausse de la fiscalité sur le diesel, la réduction de l’assiette fiscale des éleveurs, ou encore des mesures incitatives à la transmission des exploitations.
L’Europe dans la ligne de mire
Malgré l’annonce par le ministère de l’Agriculture du début du versement d’une aide européenne directe, soit plus de « 4,32 milliards d’euros », à plus de 253 000 agriculteurs, sur le terrain, la situation est en réalité potentiellement plus explosive qu’il y a un an. La « surtransposition » des normes européennes, entre autres, maintient les agriculteurs la tête sous l’eau.
Par ailleurs, après une année marquée par des pluies quasi incessantes, la France a connu sa pire récolte de blé depuis 40 ans. Pour Arnaud Rousseau, la situation est « intenable ». Face à l’ampleur des difficultés, qui ne semblent épargner aucun secteur de l’agriculture cette année, les syndicats réclament une réponse exceptionnelle, et notamment sur l’indemnisation des pertes d’exploitation.
La menace d’un nouveau mouvement n’est pas seulement française. Les agriculteurs d’autres pays européens, notamment d’Espagne, d’Allemagne et des Pays-Bas, partagent les mêmes revendications et pourraient rejoindre ce mouvement. Tous dénoncent une Europe qui impose selon eux des réglementations uniformes sans tenir compte des réalités locales.
Et Jérôme Bayle l’a bien compris : seule une action européenne majeure pourrait changer la donne. Pour lui « si l’Europe est paralysée, ce sera compliqué ».