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« Le virage de Volkswagen vers l’automobile électrique est un désastre malgré les milliards engagés »

« Aidons-nous les uns les autres, le poids des malheurs sera plus léger… » La célèbre fable de Jean-Pierre Claris de Florian sur les aveugles et les paralytiques est un message d’humanité pour tous les infirmes du monde. Dans le domaine des voitures électriques, les personnes en difficulté ne manquent pas en ce moment. La dernière en date, Rivian, la start-up américaine qui produit des SUV et pick-up électriques.

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Créée en 2009, soutenue dix ans plus tard par Ford et Amazon, devenus actionnaires, l’entreprise a fait une entrée fracassante en Bourse en 2021. Elle est aujourd’hui au bord du dépôt de bilan, paralysée par des dépenses qui explosent face à des ventes qui flanchent. Au premier trimestre 2024, elle a perdu 1,4 milliard de dollars (1,31 milliard d’euros), soit plus que son chiffre d’affaires sur la même période.

Elle vient de croiser la route d’un géant à la force colossale mais qui ne sait plus où aller, comme aveugle au changement du monde. Le virage de Volkswagen vers l’automobile électrique est un désastre malgré les milliards engagés. Sa filiale Cariad, fondée en 2020 et forte de cinq mille ingénieurs logiciels, accumule les bugs et les retards dans la définition de sa plateforme logicielle. Les patrons se succèdent et à terme, près de deux mille emplois devraient être supprimés.

Une société commune à 50-50

Puis l’aveugle charge le paralytique sur son dos. L’Allemand investira cette année 1 milliard de dollars dans le capital de Rivian, créera une société commune à 50-50 à laquelle il achètera pour 2 milliards de dollars de services et promet d’ici deux ans d’engager deux milliards supplémentaires dans la maison mère. Au total, l’entreprise allemande s’engage à verser 5 milliards de dollars à la start-up américaine. Une partie importante de son plan d’investissement de plus de 100 milliards de dollars dans l’électricité d’ici 2027.

L’aubaine est inattendue pour Rivian qui se voyait suivre la voie de son concurrent Fisker, en faillite mardi 18 juin, dans un marché américain qui se convertit plus lentement que prévu aux voitures électriques. L’entreprise pourra relancer son projet d’usine en Géorgie et tenter de rentabiliser sa production tout en perdant encore 38 000 dollars par voiture, alors qu’elle se vend à plus de 70 000 dollars pièce.

Volkswagen, de son côté, pourra immédiatement utiliser l’architecture logicielle de Rivian dans ses véhicules. Elle ouvre également un marché haut de gamme aux États-Unis. Mais cela ne résout qu’une partie des problèmes du constructeur allemand. Pour résister à l’offensive chinoise en Europe, elle doit aussi trouver le moyen de produire des voitures moins chères. Il lui faudra un long chemin avant de retrouver la vue.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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