Le Vatican dénonce l’avortement et les opérations de changement de sexe, dans une nouvelle déclaration sur la « dignité humaine »
Le Vatican a publié lundi 8 avril un nouveau texte très attendu consacré au respect des » la dignité humaine « qui dénonce l’avortement, une supposée « théorie du genre » et la maternité de substitution tout en défendant les droits des migrants et des personnes LGBTQ+.
Baptisé « Dignitas infinita » (« une dignité infinie », en latin), ce document d’une vingtaine de pages approuvé par le pape François peut être compris comme une manière d’apaiser les divisions internes au sein de l’Église, quatre mois après la polémique suscitée par l’ouverture aux bénédictions des couples homosexuels, surtout dans le camp conservateur.
On y retrouve les thèmes clés du pontificat de Jorge Bergoglio, comme la guerre, les droits des migrants, la pauvreté, l’écologie ou la justice sociale, associés entre autres à des questions bioéthiques ou liés à la violence numérique. Le texte, fruit de cinq années de travail, a été publié par le Dicastère pour la doctrine de la foi, le puissant organisme vatican chargé du dogme qui recense les cas de « violations concrètes et graves » de dignité.
La maternité de substitution (GPA) y est décrite comme « en totale contradiction avec la dignité fondamentale de tout être humain ». « Le désir légitime d’avoir un enfant ne peut se transformer en un « droit à l’enfant » qui ne respecte pas la dignité de cet enfant en tant que bénéficiaire du don de la vie », estime le Vatican. Il voit aussi « une crise très dangereuse du sens moral » Dans « l’acceptation de l’avortement dans les mentalités, dans la morale et dans la loi elle-même ».
« Colonisation idéologique »
Pour la première fois de manière aussi spécifique, le Vatican dénonce avec force le prétendu « théorie du genre »décrit par le pape François comme « une colonisation idéologique très dangereuse ». « Toute procédure de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique qu’une personne a reçue dès le moment de sa conception », nous pouvons lire. Le document distingue les opérations transitoires, qu’il rejette, et « anomalies génitales » qui sont présents à la naissance ou qui se développent plus tard. Ces anomalies peuvent être « résolu » avec l’aide de professionnels de santé, précise le document.
Dans le même temps, l’Église rappelle le droit au respect des personnes LGBTQ+ et dénonce « le fait que dans certains endroits, de nombreuses personnes sont emprisonnées, torturées et même privées du bien-être de la vie uniquement à cause de leur orientation sexuelle ». Un long paragraphe est consacré aux violences faites aux femmes. « Le phénomène du fémicide ne sera jamais assez condamné »dit le Vatican.
Cette déclaration « contribue ainsi à surmonter la dichotomie existant entre ceux qui se concentrent exclusivement sur la défense de la vie naissante ou mourante, oubliant bien d’autres atteintes à la dignité humaine, et vice versa »a résumé Andrea Tornielli, éditorialiste des médias officiels Actualités du Vatican. Depuis son élection en 2013, le pape François a insisté sur l’importance d’une Église ouverte à tous, y compris aux fidèles LGBTQ+, mais ses efforts se sont heurtés à une forte résistance.