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Le télétravail en France « ne va pas disparaître », mais « organisez-vous », assure un responsable RH

Des entreprises, comme Amazon ou Ubisoft, appellent leurs salariés à reprendre le travail en présentiel et à télétravailler moins, voire plus.

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En France, les accords triennaux régissant le télétravail arrivent à échéance et sont en cours de renégociation. (CHRIS DELMAS / AFP)

Télétravail en France « ne disparaîtra pas », mais « organiser »assure Benoît Serre, vice-président de l’association nationale DRH vendredi 27 septembre, alors que la tendance aux Etats-Unis est au retour du travail en présentiel pour les salariés. C’est le cas par exemple d’Amazon, qui demande à ses salariés de retourner dans ses bureaux à temps plein. Ou encore Ubisoft qui fait face à une grève de trois jours en octobre pour protester contre la fin du télétravail.

« C’est un retour en arrière par rapport au télétravail à temps plein »précise Benoît Serre. « Je ne crois pas qu’en France, nous allons y retourner. »même si la direction française est très attachée « historiquement » à la présence des salariés au sein de l’entreprise. En revanche, les accords sur le télétravail « sont triennauxil précise, ils touchent à leur fin, ils sont en train d’être renégociés » avec les syndicats. Mais « c’est plus une question d’organisation qu’une question de restriction »il rassure.

franceinfo : Les entreprises françaises sont-elles tentées par le retour du travail en présentiel ?

Benoît Serre : Beaucoup moins. Tout simplement parce que très peu d’entreprises françaises sont passées totalement au télétravail. En France, 80 % des entreprises qui ont recours au télétravail le font au maximum 2 à 3 jours par semaine. Il y a en réalité relativement peu de télétravail à temps plein en France. Aux États-Unis, il s’agit d’un recul par rapport au télétravail à temps plein.

Le télétravail nécessite forcément un accord ?

En France, on peut introduire le télétravail de deux manières, soit avec un accord, et dans ce cas, pour le supprimer, il faut un nouvel accord et ce n’est pas la chose la plus évidente à obtenir. Ou par une charte. L’employeur décide, seul sans les syndicats, de mettre en place le télétravail car c’est un droit en France depuis 2016.

Qu’est-ce que le télétravail a changé dans les entreprises ?

Nous avons identifié deux choses assez intéressantes. Une étude réalisée aux États-Unis montre que les gens reçoivent moins de salaires ou moins de promotions lorsqu’ils travaillent constamment à distance. Par ailleurs, en France, les arrêts maladie de courte durée sont moins nombreux en télétravail. Il y a des avantages et des inconvénients. En revanche, il est vrai qu’il existe une demande assez forte, notamment en milieu urbain, puisque le télétravail est avant tout un avantage de transport. Ensuite, cela donne une réelle sensation d’une plus grande autonomie dans le travail. C’est la principale attente des gens. Si l’entreprise parvient à mettre en place des modèles de fonctionnement et de gestion moins hiérarchiques, moins contrôlés, alors le télétravail perd une partie de son attractivité pour les personnes.

Ce retour au télétravail est-il une volonté de certaines directions de reprendre la main ?

Oui, il ne faut pas se mentir, vous avez un certain nombre de directions qui sont très réticentes au télétravail. Surtout, la France a, en Europe, un modèle historiquement très face-à-face. La direction attachait plus d’importance au fait que les gens étaient là qu’au fait que les gens travaillaient. Il y a donc une sorte de sentiment de perte d’autorité. Parmi les arguments qu’avance Ubisoft, c’est que tout télétravail nuit encore au fonctionnement collectif de l’organisation. Je ne crois pas qu’en France, on va y retourner. Ça ne va pas disparaître, par contre, ça va s’organiser pour une raison extrêmement simple, les accords sont triennaux et donc ils arrivent à terme. Ils sont en cours de renégociation. C’est plus une question d’organisation qu’une question de restriction. En revanche, le fait qu’on l’organise et qu’on arrête le télétravail un peu « open bar » tel qu’on le connaissait, donne aux gens le sentiment que leurs droits sont réduits. Non, nous l’organisons.

N’y a-t-il pas un risque pour les entreprises d’avoir des difficultés à attirer la nouvelle génération de travailleurs ?

Il est certain qu’une entreprise qui supprime complètement le télétravail alors qu’elle l’a installé deux ou trois jours par semaine pourrait avoir un problème de recrutement et de rétention notamment. Vous allez avoir quelqu’un qui reviendra même s’il n’y a pas de télétravail, parce qu’il faut trouver un travail, et ensuite il trouvera un autre travail avec le télétravail. À ce moment-là, il pourrait probablement partir. Ceux qui ont goûté au télétravail d’une manière ou d’une autre ont du mal à revenir en arrière. Le véritable enjeu important est de repenser les systèmes d’organisation des entreprises et de management, de réduire les niveaux hiérarchiques et ensuite de donner un peu plus de liberté et d’autonomie aux personnes lorsque cela est possible.

Que représente la part du télétravail en France ?

Pour la France, entre 25 et 30 % des salariés ont un emploi leur permettant de travailler à distance. Tout le monde n’en a pas. Dans le cas d’Amazon, toute une partie des 300 000 salariés d’Amazon ne peuvent pas télétravailler. Quand on a un management qui est en télétravail partiel ou total, et puis beaucoup d’équipes qui ne le sont pas forcément, ça déséquilibre un peu le fonctionnement de l’entreprise. Cela doit également être pris en considération.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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