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Le réveil douloureux de la Suède face à la corruption

LETTRE DE MALMÖ

Anna Kinberg Batra, ancienne dirigeante du Parti conservateur suédois, au centre, à Stockholm, le 27 décembre 2014.

Certains se souviennent peut-être de l’affaire dite du Toblerone. En 1995, Mona Sahlin, ministre du Travail et favorite à la tête du Parti social-démocrate, a dû démissionner après qu’un journal a révélé qu’elle avait utilisé sa carte de crédit ministérielle pour payer ses courses, notamment une barre du célèbre chocolat suisse. Pendant longtemps, cette anecdote et d’autres similaires ont alimenté l’idée à l’étranger que la Suède avait une tolérance zéro pour tout ce qui pourrait ressembler, même de loin, à de la corruption.

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Les Suédois ont également cru à ce récit, régulièrement confirmé par l’ONG Transparency International, qui a placé le royaume scandinave en tête du classement des pays considérés comme les moins corrompus. Ils se rendent compte qu’ils avaient peut-être tort. « Le problème est que la corruption ne fait pas partie de notre image. Du coup, on ne qualifie pas de corruption ce qui est de la corruption et c’est comme si ça n’existait pas »note Olle Lundin, professeur de droit public à l’université d’Uppsala et l’un des plus grands spécialistes du sujet en Suède.

Une affaire fait actuellement la une des journaux : l’ancienne chef du Parti conservateur, Anna Kinberg Batra, nommée gouverneure du comté de Stockholm en mars 2023, est accusée d’avoir embauché au moins trois de ses proches, à des postes bien rémunérés, sans en avoir cherché d’autres. candidats – sauf en affichant une annonce dans un couloir à proximité de son bureau. « Bien sûr, avec le recul, je comprends que ce n’était pas bien »a-t-elle admis, répondant aux critiques de ceux qui l’appelaient à démissionner.

Mais trois semaines après l’éclatement du scandale, Mmoi Kinberg Batra est toujours en fonction. Le parquet chargé de la lutte contre la corruption a renoncé à ouvrir une enquête. Selon Olle Lundin, le gouverneur du comté de Stockholm peut être tranquille : « Dans quelques semaines, tout le monde aura oublié cette affaire. » Dans le débat public, il est aussi l’un des seuls à oser parler de corruption, « parce que c’est le cas et nous le dirions dans n’importe quel autre pays »insiste-t-il, évoquant un phénomène  » répandu  » et trop longtemps sous-estimé, qui s’étend bien au-delà des petits arrangements entre amis de M.moi Kinberg Batra.

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« Une culture du silence »

Les Suédois commencent également à s’en rendre compte. En janvier, la Suède a enregistré son pire classement dans l’indice de perception de la corruption, réalisé chaque année depuis 1995 par Transparency International. Sixièmement, le pays nordique reste très bien classé, mais son score n’a jamais été aussi bas et, surtout, le royaume se retrouve derrière ses voisins finlandais, danois et norvégiens. Dans le dernier baromètre européen sur l’attitude des citoyens à l’égard de la corruption, publié en mai 2023, 36 % des Suédois interrogés estiment que la corruption est un problème. « assez ordinaire » dans leur pays, contre 32% en 2022.

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Eleon Lass

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