« Le réflexe républicain du 7 juillet contre l’extrême droite reflète la puissance politique d’un antiracisme universaliste »
LLe retournement électoral du 7 juillet n’a rien de miraculeux. Si deux électeurs sur trois ont rejeté la victoire attendue de l’extrême droite, ce n’est pas d’abord par enthousiasme pour le programme économique des partis alternatifs, mais parce qu’ils abhorrent et craignent la France raciste que leur promet le Rassemblement national (RN).
Les sociologues expliqueront comment l’inaptitude de la candidate du RN a été mise en évidence « Dentiste musulman » et son « Ophtalmologue juif » et la violence de la relégation promise à des millions de « binationaux » ont provoqué un réflexe républicain. Deux Français sur trois refusent de vivre dans ce pays.
« Il y a deux courants opposés, expliqué avec prévoyance le 4 juillet dans Dimanche de l’humanitél’ancien footballeur Lilian Thuram. Une France toujours plus tolérante et métisse, et une France culturellement raciste. (…) Je sais que dans mon pays, il y a plus de gens qui sont pour le vivre ensemble que contre.
La réaction de l’électorat est réconfortante, mais elle n’offre qu’un répit. Derrière sa supposée « banalisation », le RN porte le vieux racisme anti-arabe de la guerre d’Algérie, entre « C’est les Moustaphas » du retraité de Montargis dans l’émission « Envoyé spécial », et le « marre de tous ces bicots » Extrait de la lettre de menaces adressée au journaliste de France 5 Karim Rissouli.
La jalousie sociale
Si la haine raciale sert d’exutoire au sentiment d’abandon ou de déclassement auquel doivent répondre les politiques de redistribution et de service public, elle est en elle-même un poison – et un délit – à combattre. Pourtant, jamais depuis la décolonisation le racisme n’a été aussi central dans une campagne électorale. En revanche, l’antiracisme n’a jamais été aussi puissant politiquement pour fédérer les défenseurs des valeurs républicaines, ceux-là mêmes qu’il faut aujourd’hui rassembler pour rendre le pays gouvernable. Encore faudrait-il que la gauche, qui en a historiquement été porteuse et qui est arrivée en tête le 7 juillet grâce aux retraits, clarifie sa position sur cet enjeu qui la divise.
La carte des résultats des élections est claire : moins la population est diversifiée, plus le vote d’extrême droite est élevé. Le racisme n’est pas tant une question de cohabitation réelle avec des personnes différentes que de sentiment de » Ces gens « réussir ou bénéficier de filets de sécurité sociale meilleurs que soi. « Ce qui dérange l’extrême droite, Lilian Thuram a également déclaréce n’est pas que les gens issus de l’immigration ne s’intègrent pas suffisamment, c’est qu’ils s’intègrent trop bien.
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