Le Québec pourrait retirer son électricité de Northvolt si le projet arrive trop tard
Québec pourrait retirer les mégawatts réservés à l’usine de batteries de Northvolt si le projet prend trop de retard, tandis que le gouvernement Legault songe à imposer des délais aux entreprises pour utiliser l’approvisionnement en électricité qui leur a été accordé.
• A lire aussi : La Suède n’a pas l’intention de venir en aide à Northvolt
• A lire aussi : Ottawa pourrait s’impliquer dans l’affaire Northvolt
• A lire aussi : De l’énergie aux multinationales étrangères : Fréchette veut rééquilibrer les choses
« C’est trop important pour laisser cela sur la table », a déclaré le cabinet de la nouvelle ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, dans une déclaration écrite au Journal.
Depuis plusieurs mois, un voile d’incertitude plane sur le projet d’usine de cellules de batteries de Northvolt en Montérégie, alors que l’entreprise a annoncé qu’elle ralentissait ses plans d’expansion internationale pour se concentrer sur sa principale usine du nord de la Suède. Et malgré les difficultés financières du fabricant de batteries, le gouvernement suédois a indiqué lundi qu’il n’avait pas l’intention de lui venir en aide.
La multinationale persiste néanmoins à dire que son projet de 7 milliards $ au Québec est toujours dans ses plans, tout en reconnaissant que l’échéancier pourrait être révisé. Selon ce qui était initialement prévu, l’usine devait entrer en production en 2026, mais le gouvernement du Québec dit maintenant s’attendre à des retards de 12 à 18 mois.
Date limite
Cependant, de tous les projets nécessitant de l’électricité approuvés par l’ancien ministre Pierre Fitzgibbon, Northvolt est de loin le plus gourmand en électricité, avec une demande de 354 mégawatts (MW).
Actuellement, il n’existe aucune pénalité pour les entreprises qui n’utilisent pas l’énergie qui leur est réservée, qu’il s’agisse de « Northvolt ou de n’importe quelle autre », selon le cabinet de la ministre Fréchette.
Capture d’écran assnat.qc.ca
« Nous étudions cependant la possibilité d’une réglementation qui ajouterait des délais pour prendre l’énergie concédée sous risque de perdre l’énergie », ont-ils ajouté, précisant qu’il n’est pas question, pour l’instant, de retirer des blocs d’énergie à Northvolt.
Rappelons que le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, a reproché la semaine dernière au gouvernement Legault d’avoir offert « beaucoup » d’énergie à bas prix aux multinationales étrangères, au détriment des entreprises locales, affirmant qu’il fallait désormais « rééquilibrer les choses ».
Pénalités
Entre-temps, Hydro-Québec soutient que l’énergie non utilisée en raison des retards sera stockée, et que les entreprises en retard pourraient devoir assumer « certains coûts » pour éviter des répercussions sur la facture d’électricité des particuliers.
Photo d’archive, Chantal Poirier
« Si la demande de MW implique de nouvelles infrastructures de transport ou de distribution pour Hydro-Québec, puisque le coût de celles-ci est assumé par le client, advenant un report de la mise en service de ses activités, le client aurait certains coûts à payer en lien avec ces travaux afin de toujours garder la clientèle en sécurité », a déclaré une porte-parole de la société d’État, Caroline Des Rosiers.
Invitée à fournir plus de détails sur ces coûts, Hydro a répondu que « le calendrier de paiement des coûts liés aux travaux est convenu dans le cadre d’une entente entre Hydro-Québec et le client » et que « ces ententes sont confidentielles ».
Le ministère de l’Économie souligne qu’il est « normal » qu’il y ait des retards dans l’utilisation des MW accordés, puisque les projets ne sont pas en exploitation au moment où ils sont autorisés.
« L’autorisation de raccordement électrique demandée est conditionnelle à la construction de leurs installations et au développement des équipements. Les mégawatts accordés représentent ceux qui seront finalement consommés lorsque les projets auront atteint leur pleine puissance. Cette puissance est graduelle et s’étale généralement sur plusieurs années », a expliqué une porte-parole, Félicia Nicole, dans un courriel.
Pour les entreprises locales
La députée libérale Marwah Rizqy estime que le bloc d’électricité réservé à Northvolt devrait désormais être réaffecté aux entreprises qui créent déjà des emplois ici.
« Les 354 MW qui sont alloués à Northvolt, il y a des entreprises locales qui en ont besoin maintenant pour décarboner », a-t-elle déclaré au téléphone.
Quelques demandes d’énergie approuvées par Pierre Fitzgibbon
- Northvolt (secteur des batteries) : 354 MW
- Hy2gen (Chimie Verte) : 300 MW
- TES (Hydrogène Vert) : 150 MW
- Greenfield Global (Bioénergies) : 100 MW
- Volta Energy (secteur des batteries) : 93 MW
- New World Graphite (secteur Batterie) : 77 MW
- Ford-EcoPro CAM (Secteur Batterie) : 75 MW
- Air Liquide (secteur Batteries) : 50 MW
- Aluminerie Alouette (Aluminium) : 50 MW
- Minerai de fer Qc (acier vert) : 50 MW
Sources : Informations publiques des sociétés publiques et rapports des médias
– Avec la collaboration de David Descôteaux
journaldemontreal-boras