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Le Parlement européen sous influence russe ? Ce que l’on sait sur le réseau qui inquiète des eurodéputés

Les dirigeants des groupes libéraux et verts au Parlement européen ont demandé vendredi l’ouverture d’une enquête interne.
Une demande liée à l’annonce de la République tchèque, dont les services de renseignement affirment avoir démasqué un réseau d’influence financé par Moscou.
Il a diffusé une propagande pro-russe sur l’Ukraine à travers un site et a étendu son influence « jusqu’au Parlement européen ».

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Les élections européennes de 2024

Le Parlement européen est une fois de plus au centre des soupçons. Déjà ébranlée depuis décembre 2022 par l’affaire dite du « Qatargate », l’institution est cette fois touchée par une affaire, cette fois liée à un réseau d’influence russe qui ravive les craintes d’ingérence. Les dirigeants des groupes libéraux et verts au Parlement européen ont demandé vendredi l’ouverture d’une enquête interne après l’identification par les services de renseignement d’un réseau d’influence financé par Moscou.

La République tchèque a annoncé mercredi que ses services de renseignement (BRI) avaient démasqué un réseau financé par Moscou. Selon la BRI, ce réseau a diffusé une propagande pro-russe sur l’Ukraine via le site « Voice of Europe » et a étendu son influence. « au Parlement européen », sans plus de détails. Dans le cadre de ce réseau, « La Russie a approché les députés européens mais a également payé pour promouvoir la propagande russe, il s’agit de parlementaires qui reçoivent de l’argent », Le Premier ministre belge Alexander De Croo l’a déclaré jeudi devant la Chambre des représentants belge.

Des hommes politiques payés par la Russie

Selon le chef du gouvernement tchèque Petr Fiala, le réseau pro-russe démasqué par la BRI avait des activités qui « pourrait avoir un effet significatif sur la sécurité de la République tchèque et de l’UE ». « Ce groupe menait des opérations et des activités sur le territoire de l’UE visant à porter atteinte à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance de l’Ukraine », ajoute le Premier ministre. BIS assure que le réseau a été financé depuis la Russie.

Selon le journal tchèque Denik N., les hommes politiques européens coopérant avec le site « Voice of Europe », qui a publié des appels de certains d’entre eux à cesser d’aider l’Ukraine, ont été payés par des fonds russes qui ont également financé les campagnes pour les prochaines élections européennes. Les paiements concerneraient des dirigeants politiques de Belgique, de France, d’Allemagne, de Hongrie, des Pays-Bas et de Pologne, selon le média, qui cite une source diplomatique tchèque faisant état de l’implication du groupe d’extrême droite allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD).

Une opération similaire en Pologne

Le service de contre-espionnage polonais ABW a signalé jeudi une opération en cours visant un réseau d’espionnage russe. « ABW agit dans le cadre d’une enquête sur des activités d’espionnage menées pour le compte de la Russie contre des États et des institutions de l’Union européenne », a écrit sur X le porte-parole des services spéciaux polonais, Jacek Dobrzynski. Au cours de l’opération, ABW a effectué mercredi des perquisitions à Varsovie et Tychy et « personnes interrogées ».

L’opération est le résultat d’une coopération entre l’ABW et plusieurs services européens. L’objectif du réseau visé par l’opération était « pour atteindre les objectifs de politique étrangère du Kremlin, notamment affaiblir la position de la Pologne sur la scène internationale, discréditer l’Ukraine et l’image des institutions de l’Union européenne », écrit ABW dans un communiqué. Là encore, ces objectifs devaient être atteints grâce au site Internet pro-russe « Voice of Europe ».

Une enquête demandée par différents groupes

L’eurodéputée française Renaissance Valérie Hayer, présidente de Renew Europe (centristes et libéraux) et tête de liste de la majorité présidentielle aux prochaines élections européennes, a écrit à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, pour exiger l’ouverture d’une enquête interne. « immédiat et transparent, en coopération avec les autorités nationales » sur ce réseau d’influence russe. A dix semaines des élections européennes, « Les électeurs doivent savoir si les députés européens ou les candidats travaillent avec le soutien de la Russie ou de ses mandataires, la démocratie en Europe doit être défendue à tout prix contre ces menaces », souligne Valérie Hayer.

Les Verts exigent également « une enquête rapide et approfondie à l’échelle européenne ». « Vladimir Poutine essaie de s’en sortir avec sa guerre en Ukraine (…) c’est une attaque directe contre le tissu même de notre démocratie, les hommes politiques qui ont reçu de l’argent doivent être sévèrement punis, tant politiquement que judiciairement »insiste l’élu allemand Terry Reintke, l’une des deux têtes de liste des Verts pour le scrutin.

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« Le Parlement examine actuellement, en coordination avec ses partenaires institutionnels, les conclusions des autorités tchèques, notamment concernant le média ‘Voix de l’Europe », réagit un porte-parole de l’institution auprès de l’AFP. Accès à l’institution médiatique « figurant sur les listes de sanctions de l’UE »notamment ceux accusés de désinformation sur la guerre en Ukraine, est déjà interdit, poursuit-elle, ajoutant que les députés « sont tenus par des règles claires en matière d’indépendance et d’éthique »sous peine de « pénalités ».


JC avec l’AFP

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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