Nouvelles locales

Le Maroc s’apprête à entrer dans le cercle fermé des fabricants de drones militaires, fruit de sa coopération avec Israël

Un drone WanderB-VTOL de la société israélienne BlueBird Aero Systems, au Salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget (Seine-Saint-Denis), en juin 2023.

Après l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Nigeria, le Maroc devrait bientôt rejoindre le cercle des pays africains producteurs de drones militaires. L’annonce a été faite par Ronen Nadir, fondateur et président de la société israélienne BlueBird Aero Systems, détenue en partie par la société publique Israel Aerospace Industries.

Dans un communiqué publié le 13 avril par le magazine espagnol Zone militairel’ancien commandant de l’armée de l’air israélienne a affirmé qu’une unité de production d’avions sans pilote (ASP) avait été établie au Maroc et qu’elle commencerait à fonctionner dans un avenir proche.

Aucun détail n’a été filtré sur la localisation de cette installation ni sur la date de début de production. Contacté par Le monde, les représentants de BlueBird Aero Systems n’ont pas souhaité réagir. Les propos de M. Nadir n’ont pas non plus déclenché de commentaire officiel de la part du Maroc, mais ils coïncident avec l’annonce, en novembre 2023, par le ministre marocain de la Défense, Abdellatif Loudiyi, du projet de développement d’une industrie militaire nationale axée sur la production d’ASP.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Maroc, les « révélations » d’un trafiquant de drogue ébranlent les milieux sportifs et politiques

Quels drones seront fabriqués au Maroc ? Modèles WanderB et ThunderB, assure Asher Fredman, directeur pour Israël de l’Institut pour la paix des Accords d’Abraham. Ces appareils sont principalement destinés aux missions de reconnaissance, de renseignement et de détection de cibles. En 2022, Rabat en a commandé cent cinquante exemplaires, dont une partie sera réalisée sur le sol marocain.

« De plus en plus décisifs sur les champs de bataille »

Le drone SpyX de la société israélienne, une version kamikaze récemment acquise par le Maroc, pourrait également être fabriqué localement. Ces munitions tapies, qui ont fait leurs preuves en Ukraine et au Haut-Karabakh, sont « de plus en plus décisif sur le champ de bataille »souligne Nizar Derdabi, ancien officier de la gendarmerie marocaine, qui enseigne à l’Ecole de guerre économique de Rabat.

Les coûts de fabrication et les prix de vente de ces ASP n’ont pas été communiqués par BlueBird Aero Systems, mais le conglomérat émirati Edge, que l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) avait classé en 2019 parmi les vingt-cinq plus grandes sociétés de production d’armes au monde, l’année dernière, il proposait entre 29 000 dollars (27 000 euros) pour acquérir un drone kamikaze et 1,1 million de dollars pour un modèle Istar.

Ce n’est pas la première fois que BlueBird Aero Systems établit une unité de production de drones en dehors d’Israël. La société produit déjà des ASP en Inde, via une coentreprise avec Cyient. Quant à son concurrent Elbit Systems, dont le bureau de liaison israélien à Rabat a annoncé il y a un an son intention d’ouvrir deux sites de fabrication de drones au Maroc, il dispose d’installations aux Etats-Unis, en Europe, au Brésil et en Australie, précise M. Fredman.

Il vous reste 58,86% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page