Le gouvernement veut accélérer la régulation des locations Airbnb
L’exécutif se réveille sur la régulation des logements meublés. Après avoir inscrit dans le projet de loi de finances 2025 la suppression d’une niche fiscale sur les locations meublées non professionnelles (LMNP) afin de récupérer 200 millions d’euros, le gouvernement Barnier vient de convoquer une commission mixte Assemblée nationale-Sénat sur le projet de loi. visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme au niveau local. Surveillé par tous les propriétaires, l’examen de ce texte a été suspendu suite à la dissolution.
« Nous n’avons pas encore de date précise, mais un vote dans l’hémicycle dans la première semaine de novembre est en discussion », confier à La Tribune le co-auteur du texte Iñaki Echaniz, député (PS) des Pyrénées-Atlantiques.
90 ou 120 jours ?
Autrement dit, dans les deux prochaines semaines, députés et sénateurs devront se mettre d’accord sur leurs points de friction. Ainsi, l’Assemblée nationale propose d’abaisser de 120 à 90 jours la durée maximale pendant laquelle une résidence principale peut être louée. Une mesure supprimée par le Sénat qui considère qu’elle n’a aucun impact sur l’offre de logements permanents.
Un élément de langage distillé également par le directeur d’Airbnb France et Belgique. « L’impact sur le logement serait nul, puisqu’il reste une résidence principale, quel que soit le nombre de nuitées. L’impact sur le pouvoir d’achat et l’attractivité des territoires serait évident » déclare, à La TribuneClément Eulry, rappelant que sa plateforme a rapporté, en 2023, 187 millions d’euros de taxe de séjour aux collectivités.
Quota
Auditionné par la commission sénatoriale des affaires économiques début avril sur le quota de résidences secondaires dans les communes, le même professionnel des meublés de tourisme a demandé la mise en place d’un décret d’application définissant la proportionnalité et faisant la différence entre le stock et le flux de logements concernés.
Et pour cause : les députés proposent que les communes puissent « fixer des quotas » et configurer « mesures de compensation « . Autrement dit, que tout espace d’habitation transformé en meublé de tourisme puisse faire l’objet d’une transformation équivalente de local commercial en logement, comme c’est déjà le cas à Paris.
Les sénateurs sont d’accord pour que ces quotas soient exprimés en pourcentage et non plus en valeur absolue, comme le souhaite l’Assemblée nationale, afin de donner aux communes la flexibilité de tenir compte de l’évolution du nombre de logements.
Encourager les multipropriétaires
Les deux Chambres diffèrent également sur les leviers pour inciter les multipropriétaires à revenir à l’accession à la propriété à long terme. D’une part, le rapporteur général du budget, le sénateur (LR) de Meurthe-et-Moselle, Jean-François Husson, a adopté l’alignement du plafond du régime micro-BIC applicable aux locations de meublés touristiques non classés là-dessus. de logements meublés non professionnels (LMNP), soit 23 000 euros.
De même, cette dernière a adopté une mesure qui aligne les revenus de la location de meublés classés avec ceux des autres activités bénéficiant déjà du régime fiscal micro-BIC. Cela signifie que les propriétaires de meublés classés pourront bénéficier de ce régime jusqu’à un chiffre d’affaires de 77 700 euros, avec une réduction d’impôt de 50 %. En résumé, cela simplifie et unifie le traitement fiscal des revenus des meublés classés en les plaçant dans la même catégorie que les autres activités couvertes par le régime micro-BIC, avec les mêmes chiffres d’affaires et plafonds de réduction.
Mais cette réduction d’impôt fait aussi débat. Le député (PS) des Pyrénées-Atlantiques, Iñaki Echaniz, espère lors de cette commission paritaire paritaire l’augmenter à 40 % pour les meublés classés et les locations longue durée, et à 30 % pour les meublés non classés. Sauf que le sénateur Husson a fixé une ligne rouge, qualifiant son nouveau système de « flexible et lisible ».
Le DPE en question
En première lecture à l’Assemblée, les députés ont également supprimé la possibilité pour le conseil communal de déroger aux obligations du diagnostic de performance énergétique (DPE) lorsque cela est justifié par des circonstances locales particulières. Et ce alors que dans les stations de ski par exemple, les passoires thermiques sont surreprésentées dans le parc locatif. Et ces logements restent essentiels à la survie économique des territoires de montagne.
Justement, le Sénat distingue le flux et le stock de logements. Les propriétaires auront dix ans pour s’y conformer. » Les stations de ski peuvent avoir des taux de crépines thermiques de 80 %. Il ne faut pas trop déstabiliser ces territoires et permettre aux populations de se mettre en conformité. », déclare la sénatrice (LR) de Haute-Savoie Sylvaine Noël.
Selon toute vraisemblance, la loi devrait entrer en vigueur début 2025. Sous réserve d’un accord bien sûr.