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Le gouvernement suisse veut rouvrir la porte au nucléaire – 28/08/2024 à 20:13

Vue de la centrale nucléaire de Gösgen en Suisse, dans le canton de Soleure, le 13 août 2022 (AFP / Fabrice COFFRINI)

Vue de la centrale nucléaire de Gösgen en Suisse, dans le canton de Soleure, le 13 août 2022 (AFP / Fabrice COFFRINI)

Le gouvernement suisse s’est déclaré mercredi favorable à un éventuel retour au nucléaire à long terme, compte tenu de l’évolution du marché de l’électricité et des incertitudes géopolitiques.

Les Suisses ont approuvé la sortie progressive du nucléaire lors d’un référendum en 2017 en votant une loi interdisant la construction de nouvelles centrales.

Cette loi est le résultat d’un long processus initié après l’accident nucléaire de Fukushima, provoqué par un gigantesque tsunami en mars 2011 au Japon.

« Depuis 2017, la situation sur le marché de l’électricité a radicalement changé », a déclaré le ministre de l’environnement, des transports et de l’énergie Albert Rösti lors d’une conférence de presse à Berne après une séance du Conseil fédéral (gouvernement).

« Il est absolument clair qu’à court terme, voire à moyen terme, nous ne devons pas discuter de l’énergie nucléaire, ce n’est pas une option. Mais pour être prêts, si c’est nécessaire à long terme, dans les 15 prochaines années, je dirais, nous devons commencer maintenant », a-t-il souligné.

Son ministère soumettra au gouvernement d’ici fin 2024 un amendement à la loi sur l’énergie nucléaire. Le Parlement devra ensuite en débattre, et la population devra se prononcer par référendum.

« Nous ne disons pas que dans 10 ans il y aura une nouvelle centrale (…) mais nous avons la responsabilité de laisser la « porte » ouverte à toutes les technologies possibles », a insisté M. Rösti, soulignant que si ce processus n’est pas lancé aujourd’hui, il sera « peut-être trop tard dans 20 ans ».

Alors que le pays espère atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le gouvernement « entend promouvoir l’ouverture à différentes technologies pour planifier de manière responsable la sécurité de l’approvisionnement en électricité », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Toutefois, « l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires n’est pas compatible avec l’objectif d’ouverture à différentes technologies et présente même des risques pour le démantèlement des installations existantes », selon le gouvernement.

Les quatre centrales nucléaires en exploitation fournissent environ un tiers de la production totale d’électricité de la Suisse. Elles disposent d’une autorisation illimitée, tant qu’elles sont sûres.

Selon la législation actuelle, si jamais ces centrales devaient être fermées, l’électricité manquante devrait être compensée par d’autres installations de production en Suisse.

Mais le gouvernement craint que le développement des énergies renouvelables ne soit pas assez rapide pour couvrir à temps les capacités manquantes et les besoins croissants en électricité.

« A l’époque, on avait imaginé produire l’électricité manquante grâce à des centrales à gaz » mais « cette option est devenue quasiment impensable » pour atteindre la neutralité carbone, selon M. Rösti.

Le ministre a également évoqué la détérioration de la situation géopolitique, notamment en Europe depuis deux ans, ainsi que la croissance rapide de la population suisse et des besoins en électricité.

La décision du gouvernement « ne remet en aucun cas en cause le développement des énergies renouvelables », a-t-il assuré.

« La levée de l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires n’est qu’une option de repli, au cas où, et une option à long terme. Car il s’agit d’anticiper la croissance de la demande d’électricité », a-t-il déclaré.

L’annonce du gouvernement a été immédiatement critiquée par Greenpeace Suisse et les partis centristes, socialistes et écologistes. La construction de nouvelles centrales nucléaires est une « absurdité économique. Personne n’en veut, pas même les fournisseurs d’électricité suisses », ont souligné les Verts.

Le Parti socialiste suisse s’oppose également «fermement à ce recul irresponsable qui bloque le développement des énergies renouvelables».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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