le gouvernement Barnier revient sur les réformes Attal
Petit à petit, le gouvernement de Michel Barnier dévoile sa feuille de route en matière sociale. Si elles se confirment, plusieurs intentions affichées par la nouvelle équipe au pouvoir mettent à mal une partie des projets du précédent premier ministre, Gabriel Attal. Dernier exemple en date : l’allocation spécifique de solidarité (ASS), dont la suppression a été annoncée fin janvier. Cette allocation, accordée – sous certaines conditions – aux demandeurs d’emploi ayant épuisé leurs droits à l’assurance chômage, sera à terme maintenue.
C’est Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre du Travail, qui a révélé cet arbitrage. Dans une interview quotidienne Ouest de la France daté du samedi 5 octobre au dimanche 6 octobre, elle explique avoir » a obtenu « que ce minimum social « trier (…) de toutes les discussions budgétaires et que nous (LE) ne pas supprimer tel quel ». La disparition de cette allocation faisait partie des décisions présentées le 30 janvier par M. Attal lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. A l’époque chef du gouvernement, il expliquait que l’ASS serait basculée vers le revenu de solidarité active (RSA), c’est-à-dire remplacé par celui-ci. Un choix vivement critiqué car susceptible de pénaliser des personnes en grande précarité.
Pourtant, quelques jours avant les élections européennes du 9 juin, l’exécutif avait donné le sentiment d’hésitation sur la mise en œuvre de la mesure, Catherine Vautrin, alors ministre du Travail, indiquant qu’elle n’était pas « pas une actualité immédiate ». Le secteur associatif, qui vient en aide aux plus démunis, y a vu le début d’un renoncement. Aujourd’hui, l’abandon du projet semble confirmé.
Pas de nouvelle lettre-cadre
Une autre réforme portée par M. Attal semble également enterrée : celle de l’assurance chômage, qui devait durcir les règles applicables aux demandeurs d’emploi par le biais d’un décret mis entre parenthèses depuis juin. Dans son entretien avec Ouest de la France,Mmoi Panosyan-Bouvet confirme la volonté, déjà exprimée par M. Barnier, de « redonner le contrôle aux partenaires sociaux » sur cette question, ce qui signifie concrètement que les organisations de salariés et d’employeurs rouvriront les négociations sur le système d’indemnisation du chômage. La discussion entre les protagonistes s’appuiera sur l’accord qui a été conclu en novembre 2023 par le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC, FO), mais que l’exécutif a finalement refusé de valider.
Souhaitant « donner le maximum de chances au dialogue social de fonctionner »,Mmoi Panosian-Bouvet précise qu’il n’y aura pas de nouvelle lettre-cadre de Matignon qui dicterait des objectifs aux représentants des travailleurs et des chefs d’entreprise. Mais ceci » n’interdit pas à l’Etat et aux partenaires sociaux de se parler, bien au contraire ! »ajoute-t-elle, comme pour souligner le changement de méthode prôné par le gouvernement, rompant ainsi avec sept années de macronisme durant lesquelles ont existé de nombreuses tensions avec les corps intermédiaires.
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