Bourse Entreprise

En France, les cryptomonnaies attirent un nouveau type d’investisseurs

Tirée par les cours du bitcoin, l’une des principales plateformes de cryptomonnaies en France a enregistré un pic d’activité ces dernières semaines. L’Autorité des marchés financiers (AMF) constate que les nouveaux investisseurs sont plus jeunes et met en garde contre ces investissements très risqués.

Publié sur :

5 minutes

Les locaux sont situés au cœur d’un quartier chic de la capitale, entre boutiques de luxe et grands hôtels parisiens. Dans les bureaux de Coinhouse, l’une des principales plateformes de crypto-monnaies En France, une poignée de salariés, installés dans de petites boîtes de confidentialité – sorte de cabine téléphonique fermée – ont traité les nombreux appels ce vendredi 15 mars.

A l’autre bout du fil, un chef d’entreprise demande de l’aide après avoir acheté par erreur 30 000 euros de bitcoin, un autre, dont les papiers d’identité sont incomplets, tente d’ouvrir un compte.  » Ce sont des personnes qui se posent des questions sur ce qui se passe sur le marché ou qui souhaitent investir, explique Fédya Abdelhamid, responsable du « lead customer success » chez Coinhouse. Depuis deux semaines, nous avons atteint un pic en termes d’activité. Nous avons enregistré plus de 150 (e-mails et chats) et une centaine d’appels par jour. »

Le marché des cryptomonnaies reprend des couleurs

Après une période de fortes turbulences marquée par l’effondrement de la plateforme FTX en octobre 2022 – son PDG, Sam Bankman-Fried, ancien magnat de la crypto-monnaie a été condamné le 28 mars à 25 ans de prison pour détournement de plusieurs milliards de dollars de dépôts de clients – le marché des cryptomonnaies, réputé pour son extrême volatilité, semble se redresser. Le 13 mars, la reine des monnaies numériques, le bitcoin, a battu des records en atteignant 73 000 dollars – il est depuis retombé aux alentours de 68 000 dollars.

Lire aussiFaillite de FTX : Sam Bankman-Fried, le roi déchu des cryptomonnaies face à la justice

 » C’est assez symbolique qu’un bitcoin franchisse la barre des 70 000$, remarque Nicolas Louvet, PDG de Coinhouse. Il y a de l’enthousiasme à la fois parce que les prix ont augmenté, mais aussi parce que l’on assiste à une « institutionnalisation » de la « crypto ». En janvier, vous avez eu une annonce assez incroyable aux États-Unis avec l’approbation de ce que nous appelons les ETF, qui sont la possibilité d’acheter des bitcoins auprès d’un acteur institutionnel. Cela donne au secteur une crédibilité supplémentaire. »

Un accompagnement personnalisé pour les clients « premium »

 » En mars, nous avons réalisé l’équivalent de six mois de chiffre d’affaires 2023 », se réjouit Nicolas Louvet, dont la société dit se rémunérer, en partie, sur un pourcentage – entre 0,5% et 2% – prélevé sur chaque mouvement effectué sur la plateforme, qu’il s’agisse d’une conversion de cryptomonnaies ou d’un achat ou d’une vente en euros.

La plateforme revendique 90 % de clients dits « classiques ».  » Ce sont des particuliers, un peu comme M. et Mme Tout-le-monde, prêts à investir entre 3 000 et 5 000 euros », explique Nicolas Louvet. Les 10 % restants sont constitués d’entreprises et de particuliers beaucoup plus riches.  » Pour ces clients, l’investissement minimum est de 20 000 ou 30 000 euros, mais il peut aller jusqu’à un million d’euros ou plus. Ces clients sont des professions libérales, des chefs d’entreprise, des avocats, des sportifs, des artistes qui disposent généralement déjà d’un patrimoine, d’une assurance vie ou qui investissent en bourse. « . Leur statut « premium » leur permet de bénéficier d’un accompagnement personnalisé.

22% des nouveaux investisseurs ont entre 18 et 24 ans

 » 9% des Français déclarent avoir investi dans les cryptomonnaies », explique Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants et de leur protection à l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui a publié, en novembre 2023, une étude sur les nouveaux investisseurs réalisée avec l’Organisation de coopération au développement économique (OCDE) et le soutien de la Commission européenne.

 » Les nouveaux investisseurs sont plus jeunes – 22% ont entre 18 et 24 ans -, ils souhaitent gagner de l’argent rapidement, mais en même temps ils se disent attachés aux investissements à faible risque. Notre baromètre montre également qu’ils sont très connectés, et s’informent partout : depuis leur cercle d’amis, sur les réseaux sociaux et via les influenceurs. »

Entre 70 et 90% de perdants

L’AMF, le gendarme financier de la France, alerte également sur l’explosion des arnaques en ligne liées aux investissements dans les cryptomonnaies. En 2023, la plateforme OmegaPro, qui promettait « jusqu’à 300% de retours », en échange d’investissements dans les cryptomonnaies, a fait des centaines de victimes françaises, après la disparition du site enregistré à Saint-Vincent-et-les Grenadines. Les dégâts sont estimés à plusieurs centaines de millions d’euros.

 » Les crypto-monnaies représentent l’une des principales sources de fraude en ligne, note Claire Castanet. Les victimes qui nous contactent ont perdu en moyenne 31 000 euros l’année dernière « . Pour éviter les mauvaises surprises, l’AMF encourage les investisseurs à se référer à sa « liste blanche » qui centralise une centaine d’entreprises, immatriculées Psan (prestataires de services sur actifs numériques).

Mais attention, prévient Claire Castanet : « CLes investissements dans les cryptoactifs restent très risqués. Plateformes autorisées pour les produits dérivés, qu’il s’agisse de cryptomonnaies ou de Forex (marché des changes sur lequel s’échangent les devises, NDLR), sont tenus d’indiquer sur leur site Internet le pourcentage de clients perdus au cours de l’année écoulée. On constate qu’entre 70 et 90% des investisseurs perdent. »

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page