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Le FN a-t-il utilisé l’argent européen pour favoriser le parti ?

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« Faire des économies grâce au Parlement européen » : le FN a-t-il mis l’argent de l’Europe à son profit ?
« Faire des économies grâce au Parlement européen » : le FN a-t-il mis l’argent de l’Europe à son profit ?
(ENQUETE COMPLEMENTAIRE / FRANCE 2)

« Réaliser d’importantes économies grâce au Parlement européen »… La justice soupçonne le Front national d’avoir utilisé les enveloppes parlementaires des députés européens du FN pour payer des salariés du parti. Dans cet extrait de « Complément d’enquête », un témoin clé de l’affaire des assistants parlementaires du RN dénonce ce « système », selon ses termes.

En mai 2014, la direction du Front national se réjouit : l’entrée de 24 députés du Front national au Parlement européen, c’est beaucoup d’argent. Chaque député a droit à une enveloppe de 21 000 euros par mois pour payer des assistants ou collaborateurs parlementaires, ce qui fait 24 x 21 000 euros x 12, soit environ 6 millions par an : une manne colossale. Or, à l’époque, la situation financière du parti est catastrophique. Son trésorier tire la sonnette d’alarme dans une lettre à Marine Le Pen, découverte par les enquêteurs lors d’une perquisition au siège du FN, et révélée par Mediapart : « On ne s’en sortira que si on fait des économies importantes grâce au Parlement européen », conclut-il sous ces écrits.

Faire des « économies grâce au Parlement européen » ? Selon un témoin clé interrogé par « Complément d’enquête » dont l’audition a été cruciale dans l’avancée de l’enquête judiciaire, il s’agissait d’une « système » mis en place par le FN.

Nicolas Franchinard, alors assistant parlementaire d’un député européen du FN, était aux premières loges lors de la mise en place du système de malversations présumé. Le 4 juin 2014, il aurait assisté, selon ses dires, à une réunion organisée par Marine Le Pen à Bruxelles, en présence des nouveaux députés européens du Front national. Il aurait quitté la salle avec les autres collaborateurs parlementaires lorsque la patronne du FN aurait souhaité poursuivre la réunion à huis clos. Son député lui aurait alors fait part de ses soupçons. « qu’il lui est demandé de n’avoir qu’un seul collaborateur parlementaire, et que les autres seraient gérés directement par le Front national. »

Une ancienne députée du FN, Sophie Montel, raconte dans un livre cette même réunion du 4 juin 2014. Selon elle, Marine Le Pen a commencé par une bonne nouvelle : « Les députés européens, contrairement aux élus régionaux du FN, ne versent pas une partie de leur indemnité au FN. Votre indemnité ne sera pas déduite, rassurez-vous. » Après avoir pris soin de faire sortir certains de ses collaborateurs, elle aurait exigé quelque chose en échange. « Chacun d’entre vous dispose d’une enveloppe budgétaire pour embaucher ses assistants. Je vous informe donc que vous aurez le choix de recruter vous-même un assistant, et que le reste de votre enveloppe d’assistance parlementaire sera mis à disposition du mouvement. » Ces propos de Marine Le Pen ont été confirmés à « Complément d’enquête » par plusieurs députés présents ce jour-là.

Selon Nicolas Franchinard, cet argent représentait « des moyens supplémentaires pour se développer au niveau national » un parti bien moins populaire que le RN ne l’est aujourd’hui. Que pensait-il de cette idée d’utiliser l’enveloppe parlementaire pour payer des gens travaillant pour le compte du parti ? « Ce n’est vraiment pas une bonne idée, il aurait dit cela à son député. Parce que c’est un crime.

Extrait de « RN : Où sont passés les millions d’Europe ? », document à voir dans « Complément d’enquête » du 19 septembre 2024.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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