Bourse Entreprise

Le drame commencera dans le marché obligataire.

(Reproduction interdite en partie ou en totalité)

Tout le monde sait que notre pays est en mauvaise posture et beaucoup me demandent comment cela va finir. Bien entendu, je ne suis pas en mesure de répondre.

En revanche, je peux oser annoncer que la fin de la récession sera sifflée par les marchés financiers en général et celui des obligations de l’État français en particulier.

Je commencerai donc cette analyse en vous rappelant ce qu’est une obligation et comment fonctionne le marché obligataire.

Veuillez considérer le premier graphique.

Le taux d’intérêt annuel payé par l’État français à ceux qui lui ont prêté 10 ans est représenté par la ligne bleue, échelle de gauche.

La ligne rouge représente la valeur d’un portefeuille qui aurait investi 100 euros en 1984 dans un portefeuille obligataire d’une durée moyenne de 10 ans et qui aurait réinvesti tous les coupons, au taux au moment du détachement de chaque coupon.

Depuis 1994 les taux sont passés de 6% en 1994 à 0,61% au plus bas en mars 2020, puis remontant violemment jusqu’à 2,82% fin mars 2024.

Et en conséquence, le portefeuille, composé d’obligations achetées au cours des 10 années précédentes, a chuté de 21% par rapport à son plus haut atteint en mars 2020, ce qui constitue le plus gros krach obligataire depuis 1981 et l’élection de Mitterrand.

Nous venons donc d’assister à un effondrement des marchés OBLIGATAIRES quasiment sans précédent dans l’histoire des cinquante dernières années.

Quelles seront les conséquences de ce qui constitue un véritable désastre financier ?

Pour répondre, revenons à mon deuxième graphique, où cette fois je montre la performance du marché obligataire, après déduction de l’inflation.

En fait, je calcule le pouvoir d’achat du portefeuille obligataire présenté dans le graphique précédent.

Remarques.

Depuis le pic atteint en mars 2020, au plus fort de la crise du Covid, la baisse du pouvoir d’achat est de 38 %, ce qui est sans exemple depuis 50 ans.

Il est impossible que cette catastrophe n’ait aucune conséquence sur un certain nombre d’acteurs économiques. Mais comme toujours, ils mettront du temps à se dévoiler.

Voici quelques-uns.

  • Le portefeuille retrouve le niveau de 2008. Toutes les manipulations stupides de Trichet et Draghi n’ont servi à rien. Le seul résultat est que notre dette a explosé.
  • Sur les compagnies d’assurance. Ces sociétés garantissent les risques avenir et constituent donc des réserves pour couvrir ces risques futurs et ces réserves sont investies en obligations d’État, en immobilier et très peu en actions. Ils viennent de perdre 40% sur ces réserves puisque l’immobilier s’effondre également, à cause de la hausse des taux. Mais les risques qu’ils assuraient ont vu leurs coûts augmenter à cause de l’inflation. Ils vont donc augmenter massivement leurs prix, ce qui réduira la rentabilité des entreprises qu’ils fournissent et abaissera le niveau de vie des individus, ce qui renforcera la récession à venir. Il s’agit en fait d’une augmentation des cotisations obligatoires.
  • Sur les banques commerciales. Eux aussi, leurs réserves obligatoires sont investies presque exclusivement dans les obligations de l’État français qui viennent de très fortement chuter et avec elles, leur capacité à absorber les défauts de paiement. Ils cesseront de prêter. On assiste en effet déjà à un quasi gel de tous les nouveaux prêts, notamment immobiliers. La construction plonge et continuera de plonger. Maintenant, quand le bâtiment part, tout part, et là, ça ne part plus du tout…
  • Sur les fonds de pension. Ces institutions servent les retraites complémentaires des Français. En général, ils disposent d’environ 50 % de leurs réserves.

en obligations d’État, le reste étant en immobilier ou en actions.

Ils ont vu leurs réserves diminuer d’au moins 20 %, ce qui risque de les mettre dans une situation périlleuse.

Et ils ne peuvent pas augmenter leurs prix. Les pensions qu’ils serviront vont donc baisser, ce qui contribuera à la prochaine récession.

  • Sur les dépenses de l’État, sur le déficit budgétaire et donc sur la dette. Le déficit va se creuser. Cela a déjà commencé (voir les dernières déclarations de M. Lemaire)

Ce qui nous amène à la question suivante : comment allons-nous financer un déficit qui risque de dépasser tous les records ?

Cinquante pour cent de la dette française a été rachetée dans le passé par des institutions françaises, aujourd’hui à l’agonie, et cinquante pour cent par des institutions étrangères.

Imaginons que je sois une banque centrale, un fonds souverain ou un grand fonds de pension néerlandais, qui puisse acheter, ou non, la dette émise par la France et imaginons que ces institutions hésitent entre les obligations françaises et l’or et se posent la question : que faire ? choisir entre les deux ?

Voici la réponse :

Regardons le graphique ci-dessus.

De 1970 à 1982, la ligne noire est tombée… J’ai dû acheter de l’or de préférence aux obligations françaises.

En 1982, la ligne noire monte, je bascule mes actifs vers les obligations françaises et je ne bouge qu’en 2002, période où je liquide mes obligations françaises (la ligne noire descend) et achète de l’or qui fait bien mieux depuis…

Pour faire simple, il faut être fou comme un lapin pour acheter aujourd’hui des obligations françaises au lieu d’acheter de l’or.

Les seuls qui continueront à les acheter sont ceux qui y seront contraints, c’est-à-dire les institutions françaises qui ne sont pas en difficulté, qui garantiront qu’elles le seront quelques mois plus tard.

Dernière question : que se passera-t-il si les institutions étrangères cessent de nous financer ?

Réponse : Notre dette ne peut être cotée que si la BCE intervient. Et si la BCE intervient, l’euro s’effondre et l’inflation explose.

Et si la BCE n’intervient pas, nos taux d’intérêt vont exploser et dépasser les taux italiens (l’Italie n’a aucun problème de financement).

Il faut donc surveiller l’ÉCART DE TAUX entre la France et l’Italie.

La France est l’homme malade de l’Europe.

Si l’écart se brise, tout le monde se met à l’abri !

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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