le conseil départemental des Alpes-Maritimes, fief de Ciotti, également dans la tourmente
Très proche d’Éric Ciotti, le président du « CD06 » ne s’est pas encore exprimé après l’alliance LR-RN, alors qu’en coulisses de nombreux élus l’appellent à se désolidariser. Ce qui aurait de lourdes conséquences pour le patron déchu des Républicains au niveau local.
Le Figaro Nice
Une multitude de réactions, de protestations… et quelques élus de droite toujours silencieux. Ils consultent, calculent, questionnent. Comment se positionner après l’annonce surprise du patron Éric Ciotti d’une alliance entre Les Républicains et le Rassemblement national en vue des élections législatives anticipées (30 juin-7 juillet) ? Surtout, quelles seront les répercussions locales ? C’est l’embarras actuel du président du département des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginésy. Le conseil départemental du 06 est, comme LR, au bord de l’implosion. De manière plus camouflée, certes, mais cela pourrait aussi avoir de graves conséquences.
« CAG » est très proche d’Eric Ciotti. Le premier a succédé au second à la tête du département en 2017, tandis que ce dernier a conservé une influence très importante dans le milieu en présidant le puissant comité des finances. Partout, les deux hommes apparaissent ensemble. Dimanche encore, ils ont partagé la scène lors d’un concert organisé par la communauté et réservé aux seniors. Dans le microcosme azuréen, la discrétion de Charles-Ange Ginésy sur le plan politique suscite souvent des critiques. Éric Ciotti tiendrait encore les ficelles et signerait les chèques, plaisante-t-on. N’a-t-il d’ailleurs pas gardé le bureau du président… sans en être un ?
Cette entente unique entre ces deux barons maralpins est aujourd’hui mise à l’épreuve par un choix politique et un contexte local. Dans la collectivité, fief du patron de droite, le rapprochement avec le RN a été largement incompris. Aux élus, Charles-Ange Ginésy a fait part de sa surprise, de son choc et de son désarroi, nous dit-on. Au sein du conseil départemental, de nombreux LR l’ont appelé à désapprouver cette alliance LR-RN, qualifiée ce mercredi par Emmanuel Macron de « pacte avec le diable » .
Influence des personnalités locales
D’autres personnalités azuréennes du parti se sont déjà exprimées dans ce sens. Jean Leonetti, Éric Pauget, David Lisnard, Michèle Tabarot… Des élus au rayonnement notable dans les Alpes-Maritimes. Et au sein de l’assemblée départementale. Pas un mot en revanche de Charles-Ange Ginésy. Il ne s’est pas encore exprimé sur les réseaux sociaux ni dans la presse. Demandé par Le Figaroil ne souhaite pas, à ce stade, donner suite. « Il sera toujours avec luiprédit un élu. Il choisira la fidélité ». « Pour beaucoup de Niçois, un syndicat ne choque pas. Et dans l’arrière-pays, les habitants sont sensibles aux propos de Jordan Bardella”analyse un autre ami proche.
Le président du « CD06 » téléphone aux élus pour les sonder. Ils sont en pleine tourmente : s’opposer à la ligne d’Eric Ciotti, c’est aussi se mettre en marge dans le département. Et vous exposez au risque de ne plus percevoir de subventions. Pour certaines communes de l’arrière-pays, cette aide est quasi vitale. Dans ces villages, le MP reste très populaire. « Le RN n’est pas la tasse de thé de Ginésydit un ancien conseiller départemental qui le connaît bien. La réalité est que c’est une personne profondément gentille qui a peur de quelqu’un qui peut être extrêmement méchant… »
Estrosi Appétit
Selon nos informations, sur 54 élus du département des Alpes-Maritimes, dix seulement suivraient Éric Ciotti. De quoi aiguiser l’appétit du frère ennemi, le maire de Nice Christian Estrosi, qui permettait à l’époque à Ciotti de prendre à sa place la présidence du département… L’édile n’a jamais exclu l’idée de vouloir un jour prendre la présidence du département. reculer ce trône. Joseph Ségura, le maire de Saint-Laurent-du-Var, représentant « estrosiste » dans le département, n’a pas manqué de demander des éclaircissements à Charles-Ange Ginésy. Il a appelé au retrait « toutes les fonctions départementales » à Éric Ciotti. « Plus qu’une trahison, c’est une capitulation »a-t-il ajouté dans un communiqué.
Dans la perspective des élections municipales à Nice, l’un des objectifs ultimes d’Eric Ciotti, ce serait « un handicap monstrueux », jubilant un adversaire. Comme d’autres, Charles-Ange Ginésy a tenté de contacter son ami Éric, en vain. Exclu de la présidence des Républicains ce mercredi après-midi au terme d’un mandat politique exceptionnel du parti (qu’il juge illégal), Éric Ciotti devra jongler entre deux champs de mines pour tenter de maintenir son cap politique.