le commerce florissant (et illégal) de certains mécaniciens
Par
Briac Trébert
Publié le
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« C’est malheureusement devenu une vraie entreprise… », soupire un employé de RCC electronics, une entreprise spécialisée dans le reconditionnement d’équipements électroniques, pouractu.fr.
Sur Internet, des publicités proposant de désactiver le système AdBlueparfois confrontés à des pannes sur des voitures diesel, ou des formations pour apprendre à s’y prendre, ne manquent pas.
Face à ces pannes, parfois répétées, de ce système anti-pollution, certains automobilistes optent pour désactivation pure et simple du système. Une solution qui semble même être devenue une pratique courante.
« Nous vous ferons cela sans aucun problème »
Comme le les réparations coûtent cher et que les pannes peuvent survenir plusieurs fois au cours de la vie de la voiture (les voitures commercialisées depuis 2013 sont concernées), de plus en plus d’automobilistes optent pour une solution radicale : désactiver simplement leur AdBlue.
« Les garages proposent même cette option à leurs clients », déplorent les professionnels contactés par actu.fr.
« Nous le ferons pour vous sans problème », nous promet un prestataire « tuning automobile », situé en banlieue parisienne, qui nous donne rendez-vous pour l’intervention la semaine prochaine.
Prévoyez deux heures d’intervention, cela se fait sans aucun risque à moins que des gendarmes ou des policiers ne viennent avec des outils informatiques contrôler votre voiture, ce qui semble très peu probable.
Une technique polluante et illégale
Sur son site internet, le prestataire affiche clairement la couleur : « la désactivation de l’AdBlue par reprogrammation moteur est une solution technique qui permet de supprimer totalement le système AdBlue de votre véhicule. »
Mais pourquoi supprimer l’AdBlue ?
AdBlue ? Il s’agit du fluide utilisé dans les véhicules diesel équipés de la technologie de réduction catalytique sélective (SCR). Grâce à une réaction chimique, l’AdBlue transforme les gaz d’échappement en gaz et en eau non polluants, permettant de limiter les émissions d’oxydes d’azote (NOx).
Retirer l’AdBlue peut paraître plus « confortable » sur le moment pour éviter d’éventuelles réparations en cas de panne, mais ce n’est néanmoins pas sans conséquences. En plus d’augmenter l’impact environnemental de votre voiture, vous risquez une amende particulièrement lourde.
En choisissant de désactiver l’AdBlue, « vous éliminez les problèmes fréquents tels que les alertes de faible niveau d’AdBlue et les situations de démarrage impossibles dues à des dysfonctionnements du système », promet le prestataire.
7 500 euros d’amende
« Notre reprogrammation » garantit que tous les capteurs, codes d’erreur et alertes liés au système AdBlue sont supprimés « de manière efficace et durable », indique-t-il. Cela ne pourrait pas être plus clair.
L’article L318-3 du Code de la route est clair : le retrait ou la dégradation d’un dispositif antipollution est puni d’une amende pouvant aller jusqu’à jusqu’à 7 500 euros. Supprimer ou désactiver l’AdBlue, même si les contrôles sont rares, peut donc coûter cher, mais aussi constituer un vice caché lors de la revente de votre véhicule.
Chique contrôle technique ?
Théoriquement, rouler sans AdBlue est impossible, car ce système et la technologie SCR sont conçus pour empêcher le démarrage du véhicule lorsque le réservoir d’AdBlue est vide.
Mais de nombreux mécaniciens (sans scrupules) effectuent cette reprogrammation du moteur permettre à la voiture de rouler sans AdBlue. Une autre méthode consiste à installer un dispositif électronique qui neutralise ou désactive le système pour simuler la présence d’AdBlue.
Si elle est souvent moins coûteuse qu’une réparation normale (comptez entre 300 et 450 euros), elle est donc non seulement nocive pour l’environnement, mais aussi totalement illégal. Et cela pourrait bientôt également être détecté lors du contrôle technique, préviennent les professionnels.
Les centres de contrôle technique devraient être équipés d’outils plus sophistiqués pour détecter ces changements.
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