Témoignage. « C’est triste, mais nous sommes fiers, nous avons réussi à faire avancer les choses » Nicolas Debaisieux, PDG de Railcoop placé en liquidation judiciaire

C’est le terminus de Railcoop. La société coopérative ferroviaire basée à Figeac a été placée en liquidation ce lundi 29 avril 2024 par le tribunal de commerce de Cahors. Ses actionnaires salariés projetaient de redonner vie aux lignes ferroviaires abandonnées. Le PDG réagit.

Il s’agissait d’un projet ferroviaire innovant qui suscitait beaucoup d’espoir. Mais après deux ans d’activité, la coopérative ferroviaire Railcoop basée à Figeac (Lot) a été placée en liquidation ce lundi 29 avril 2024 par le tribunal de commerce de Cahors.

Aucun des 37 salariés ne travaille plus. Née en 2019, cette coopérative ferroviaire s’est fixé pour objectif de relancer les lignes abandonnées par l’État, comme celle entre Bordeaux et Lyon via Périgueux, Limoges, Montluçon et Roanne.

Ce projet citoyen avait aussi pour ambition de relancer le fret ferroviaire en France. Mais malgré 10 millions d’euros d’investissement, le service Fret n’est toujours pas rentable. La direction en prend acte, mais regrette le manque d’investissement de la part de l’Etat.

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Nicolas Debaisieux, Président-directeur général de Railcoop réagit.

France 3 Occitanie : Comment vous sentez-vous après cette liquidation ?

Nicolas Debaisieux, PDG Railcoop : « Nous sommes tristes, car nous avons travaillé pendant quatre ans sur ce projet. Le voir se terminer est triste, mais en même temps, nous ressentons une certaine fierté d’avoir pu mener à bien ce projet là où il se trouve.

Avec 15 000 adhérents dans 45 pays et une trentaine de collectivités locales, nous avons tous souhaité fédérer cette nouvelle vision du ferroviaire. Je pense qu’on a réussi à déplacer un certain nombre de lignes. Nous n’avons pas pu aller jusqu’au bout, c’est frustrant, mais nous avons quand même réussi à construire de belles choses qui seront utiles aux autres.

Nicolas Debaisieux Président-directeur général de Railcoop

France 3 Occitanie : Vous êtes-vous senti déçu par les pouvoirs publics ?

Nicolas Debaisieux, PDG Railcoop : « Il y a des collectivités locales qui se sont impliquées. Une trentaine en tout cas, comme la Région Grand Est et celle de Bourgogne France-Comté qui sont devenues membres. Mais il n’y a pas eu d’autres régions. Surtout, il y a eu une totalité absence d’intérêt de l’Etat, il n’y a eu aucun engagement pour ce projet. Il est évident que nous n’avons jamais eu d’interlocuteurs la semaine dernière, j’ai reçu une autre lettre de Roland Lescure.Ministre délégué à l’Industrie et à l’Energie qui nous a référé au Ministre des Transports qui lui-même nous a référé à Bercy. Tout le monde se renvoie la balle, tout le monde s’en fiche. Or ces questions sur le ferroviaire sont essentielles pour l’aménagement du territoire et pour la transition écologique.»

France 3 Occitanie : Comment cela va-t-il se passer pour les 15 000 adhérents ?

Nicolas Debaisieux, PDG Railcoop : « La totalité de l’apport en capital est perdue. Railcoop a toujours fonctionné sur ses propres fonds. Tout l’investissement a été réalisé avec l’argent des 15 000 membres.

En moyenne, pour les particuliers, nous disposons d’un ticket d’investissement moyen de 300 à 400 euros. En effet cette somme est perdue pour eux. Après, ce n’est pas perdu en tant que tel, car nous avons construit des choses. Il existe une forte volonté parmi les membres de continuer à faire vivre ce projet même si la structure économique disparaît.

Nicolas Debaisieux, Président-directeur général de Railcoop

Un projet qui reste d’actualité selon son PDG et ses membres. « Peut-être que d’autres structures pourront s’appuyer sur ce que nous avons fait pour poursuivre le travail. Nous avons été les premiers à nous lancer et nous avons ouvert la voie à de futurs succès. » veut encore croire Nicolas Debaisieux.