Alain Prost, Ayrton Senna, Sebastian Vettel ou encore Max Verstappen… Adrian Newey a travaillé comme ingénieur auprès des plus grands champions de F1 de ces 30 dernières années, construisant des voitures aussi révolutionnaires qu’efficaces.
C’est chez Red Bull, qu’il quittera l’année prochaine, que ce Britannique né le 26 décembre 1958 a connu ses heures les plus riches. Depuis 2010, il a permis à l’écurie anglo-autrichienne de remporter pas moins de six titres constructeurs et sept titres pilotes : quatre avec Sebastian Vettel (2010/2013) et trois avec Max Verstappen (2021/2023).
C’est chez Williams que son talent s’est révélé il y a plus de 30 ans. Il conçoit la monoplace qui fait du Britannique Nigel Mansell le champion du monde 1992, puis offre l’année suivante son 4e et dernier titre au Français Alain Prost.
Par coïncidence, c’est d’ailleurs 30 ans jour pour jour après le décès d’Ayrton Senna au volant d’une Williams le 1er mai 1994 sur le circuit d’Imola en Italie que Red Bull annonce son départ.
Cet accident fut un véritable traumatisme pour Newey. «Je voulais arrêter», expliquait-il en 2023 dans un podcast diffusé par le site de la Formule 1. Il devra se soumettre à la longue enquête menée par les autorités italiennes qui se termine par l’acquittement en appel de Newey et Patrick Head, le directeur technique de l’équipe.
Il rejoint ensuite McLaren en 1997 où il conçoit la voiture qui permettra au Finlandais Mika Häkkinen d’être sacré en 1998 et 1999.
– Sur les traces de Chapman –
Discret, voire taciturne, Newey a toujours su se démarquer dans un milieu où les egos sont souvent démesurés. Les remous autour de Red Bull avec « l’affaire Christian Horner » ne lui ont certainement pas plu.
Son intelligence, comme celle du père de la légendaire Lotus Colin Chapman avant lui, est d’exploiter les failles des règles édictées pour réglementer la conception des voitures dans le but d’identifier leur zone grise avant les autres et d’y détecter les possibilités d’innovation. . .
Il a parfaitement réussi chez Red Bull en 2022 et 2023, concevant une monoplace imbattable qui a permis à l’équipe de remporter 17 des 22 Grands Prix disputés en 2022 puis 21, toujours sur 22, l’année suivante, atomisant la compétition. La fête pourrait se répéter cette année puisque Max Verstappen a déjà remporté quatre des cinq premières courses de la saison.
« Les évolutions (réglementaires) sont souvent la clé, une fois que l’étincelle d’une bonne base est là », estimait-il dans son livre « Comment construire une voiture », publié en 2017.
– Vous êtes parti pour mettre les voiles ? –
Pilote à ses heures, Adrian Newey a participé aux 24 Heures du Mans en 2007 sur Ferrari, terminant 22ème position et 4ème de sa catégorie GT. Il est également un habitué des courses de voitures anciennes, où il n’amuse pas le peloton puisqu’il a détruit successivement une Ford GT40 puis une Jaguar E-Type.
Outre la F1, Newey est un passionné de voile et a collaboré à la construction de son yacht de 27 mètres qu’il destine à un tour du monde.
Très jeune, il fait ses débuts sur un kart dont il améliore considérablement les performances. Ses débuts en F1 remontent au début des années 1980 avec l’écurie Fittipaldi puis avec March. Pour ce constructeur, il conçoit une monoplace qui remporte les 500 milles d’Indianapolis en 1985.
C’est au sein de l’éphémère écurie anglo-japonaise Leyton House qu’il se révèle en F1, parvenant à la surprise générale de placer cette modeste monoplace sur la deuxième marche du podium au GP de France en 1990, avant d’être engagé par Williams. .
Newey, cependant, n’a jamais travaillé pour Ferrari auparavant. La Scuderia a tenté à plusieurs reprises de s’attacher ses services mais sans succès car il a toujours voulu rester et vivre en Angleterre.
Désormais libre de son destin, il pourrait enfin céder aux sirènes de Maranello ou décider, à 65 ans, d’utiliser son génie ailleurs ou de mettre les voiles.
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