La France est invitée pour la première fois aux commémorations de la bataille de Diên Bien Phu

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra mardi à la cérémonie vietnamienne, pour le 70e anniversaire de cette bataille qui a scellé la fin de la présence française en Indochine.

« Pour la première fois dans l’histoire », la France est invitée au Vietnam pour la commémoration du 70e anniversaire de la bataille de Diên Bien Phu. C’est un « signe de la volonté de construire une relation pour l’avenir », ont annoncé vendredi 3 mai les services de Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Ce dernier représentera la France pour commémorer cette bataille qui a scellé l’émergence du Vietnam comme nation indépendante et la fin de la présence française en Indochine.

Sébastien Lecornu, qui part samedi au Vietnam, se rendra au Vietnam mardi « à la cérémonie vietnamienne, puis à l’hommage aux morts vietnamiens dans un cimetière militaire », a précisé le ministère. Il rendra un hommage distinct aux soldats français au mémorial français de Diên Bien Phu. « Il existe une volonté partagée de regarder cette histoire de la guerre d’Indochine de manière lucide et ouverte », a ajouté le ministère. La bataille a laissé en France le souvenir d’une humiliation militaire, alors qu’elle reste un symbole d’immense fierté pour l’Armée populaire du Vietnam.

Les relations bilatérales toujours tendues

Les combats débutent le 13 mars 1954, opposant quelque 15 000 soldats français (dont beaucoup issus de l’empire colonial) aux 50 000 hommes du général Vo Nguyên Giap. Après 56 jours de déluges d’obus et d’affrontements au corps à corps, la bataille se termine le 7 mai 1954, après la chute du camp retranché français, écrasé par le général Giap qui avait à cette occasion acquis une réputation de fin stratège en bombardant les troupes coloniales aux canons, hissées par ses hommes en morceaux sur les collines dominant le bassin.

>> Découvrez le documentaire « Indochine, une guerre oubliée » sur la plateforme france.tv

La bataille fait 3 000 morts ou disparus côté français, jusqu’à 10 000 côté vietnamien. Le 21 juillet 1954, les accords de Genève entérinent la défaite française et la partition du pays, prélude à l’engagement américain dans la guerre du Vietnam.

Les relations bilatérales sont aujourd’hui détendues, notamment malgré les violations des droits de l’homme et les arrestations d’opposants dont le régime communiste est régulièrement accusé. Paris a récemment rapatrié les dépouilles de six soldats tombés à Diên Bien Phu, « signalé à l’ambassade de France au Vietnam en 2012, 2021 et 2022 », selon le ministère des Armées. Des retards témoignant de la sensibilité persistante du sujet au sein du régime.