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la suppression des taxis collectifs pour enfants handicapés pour des raisons budgétaires suscite l’indignation

Sur les courtes distances, ce service disparaîtra à partir de septembre. La décision a été entérinée jeudi dernier, lors d’une commission départementale. Parents et élus de l’opposition s’insurgent.

Le Figaro Nantes

Tandis que le film d’Artus Un petit quelque chose en plus cartonné sur les écrans de cinéma, la réalité s’avère bien moins glorieuse pour les parents d’enfants handicapés en Loire-Atlantique. À partir de septembre, un coup dur attend 300 à 450 familles. Une modification de la réglementation concernant les transports scolaires a été adoptée par le comité permanent départemental le 30 mai.

Actuellement, la communauté met à disposition de ses enfants, sous certaines conditions, un taxi collectif pour les déplacements école-domicile. Dans trois mois, ce service ne sera plus assuré pour les écoliers habitant à moins de cinq kilomètres, ni pour les collégiens/lycéens/étudiants habitant à moins de 10 kilomètres. Et cela est dû aux contraintes budgétaires. Les parents peuvent toujours être indemnisés en cas de faute, mais doivent se rendre disponibles.

Pétition et manifestation

« Tout le monde a beaucoup d’empathie pour les acteurs du film d’Artus et dit que nous sommes prêts pour une société inclusive. En même temps, avoir une telle mesure, qui peut conduire à l’abandon scolaire des enfants, est d’autant plus choquant.», raconte Caroline Boudet, maman d’une fillette de 9 ans trisomique. Depuis quelques jours, elle a du mal à s’endormir, ne sachant pas encore à quelle sauce elle va manger à la rentrée. « J’imagine à quoi ressemblera mon quotidien si on n’a plus ce transport pour Louise… », craint la maman qui habite à environ cinq kilomètres de l’endroit où Louise va à l’école. En cas de disparition des transports publics adaptés, « on perdrait deux heures de notre journée », a-t-elle calculé avec son mari. Les deux parents travaillent. « Le vice-président a dit que les familles allaient devoir faire des efforts pour des raisons budgétaires. Mais notre vie est déjà un effort. »elle s’indigne.

« Il faut savoir que vous avez beaucoup de familles monoparentales. De nombreuses mères sont seules et doivent s’occuper de leur enfant.souligne Laetitia Lohéac, fondatrice du collectif « handicap 44 en danger » et mère d’un enfant autiste et épileptique de 12 ans. Elle a lancé une pétition qui a déjà récolté plus de 3 000 signatures. « Qu’arrivera-t-il aux familles dont les frères et sœurs fréquentent une autre école ? Les parents n’ont pas le don de l’ubiquité… Des familles monoparentales ? De ceux qui devront modifier leurs horaires de travail pour assurer les déplacements ? Ou arrêter de travailler ?écrit-elle, soulignant que les familles doivent se soumettre aux lieux d’affectation des enfants. « Faut-il opérer des coupes budgétaires sur les groupes les plus vulnérables ? »demande-t-elle, soulignant un problème de « volonté politique ». En écrivant aux parlementaires, elle réfléchit à organiser une manifestation fin juin. Elle demande à l’élue écologiste Ombline Accarion, chargée du handicap, de revenir sur sa décision avant le 14 juillet. « Elle n’a pas le droit de supprimer les droits de nos enfants ».


Le Département, doté d’un budget de 1,65 milliard d’euros, a de l’argent. Il faut juste qu’il arrête de se disperser

Communiqué du groupe d’opposition Démocratie 44 (centre, droite, sans étiquette)

« Nous prenons en otage les parents pour qui c’est déjà le course d’obstacle . Comme me l’a dit une mère, on ajoute le handicap sur le handicap”déplore Charlotte Luquiau, conseillère départementale de l’opposition de centre-droit, qui a voté contre la mesure et se dit « liquider », tant sur le fond que sur la forme, avec adoption expresse. Pour une fois, voilà la majorité départementale de gauche accusée de discrimination. Pour l’élue de droite Charlotte Luquiau, ce sujet « va au-delà des clivages politiques ».

Contacté, le département de Loire-Atlantique nous a répondu par l’intermédiaire de Cécile Chollet, directrice générale des solidarités. Elle justifie cette nouvelle règle « face à l’augmentation des étudiants transportés et à l’augmentation des coûts de transport liée à l’inflation ». Entre septembre 2018 et janvier 2024, le nombre d’étudiants handicapés transportés a augmenté de 29 %. Malgré un budget croissant lié à cette inclusion croissante (le budget handicap est le deuxième en augmentation par rapport à 2023 après la protection de l’enfance), tout ne peut pas aller dans les transports. Le ministère, dont le budget est serré cette année, a donc dû faire des choix et a décidé de « Soutenir les familles les plus éloignées. Nous sommes partis du principe que ceux dont le lieu d’enseignement était le plus éloigné se trouvaient dans les situations les plus compliquées. Cela ne veut pas dire que c’est facile pour les autres. », reconnaît le porte-parole de la communauté sur ce thème. C’est pourquoi chaque situation peut être étudiée au cas par cas et un numéro est à disposition des parents en difficulté (02 40 99 57 02).

« Le Département, doté d’un budget de 1,65 milliard d’euros, a argent. Il a juste besoin d’arrêter de se disperser, il a juste besoin de se concentrer donner la priorité aux compétences obligatoires, pour être là de solidarité »critiquent les élus de l’opposition, membres du groupe Démocratie 44, dans un communiqué. Et citer les dépenses non obligatoires comme le budget participatif (2 millions) permettant de concrétiser des initiatives citoyennes.

« Le président de notre département ne souhaite plus couvrir les déplacements scolaires des enfants handicapés. En revanche, il continue de financer des études sur attachement à la Bretagne . C’est un scandale indescriptible», ont également réagi les élus macronistes de la ville de Nantes.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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