Le projet, développé par le constructeur Colas et sa filiale Wattway, visait à transformer la route D5 à la sortie Tourouvre en une source importante d’énergie renouvelable. S’étendant initialement sur un kilomètre, la route solaire devait produire suffisamment d’électricité pour alimenter plusieurs maisons et l’éclairage public du village. Cependant, dès les premières semaines d’exploitation, les problèmes techniques se sont multipliés : affaissements de la chaussée, colmatage des panneaux, nuisances sonores et délaminage. Ces défauts ont conduit à de fréquentes fermetures de route, ce qui a provoqué frustration et mécontentement parmi les habitants.
La route qui n’a jamais tenu ses promesses
Les résultats décevants dans la production d’électricité ont été un autre coup dur. En 2022, la route solaire n’a fourni de l’électricité qu’à trois foyers, loin des attentes initiales. Au total, elle a produit 366,2 MWh en six ans, soit à peine 61 MWh par an. Le projet, qui a coûté 5 millions d’euros, n’a jamais été rentable. Les autorités locales, résignées, décident finalement de mettre un terme à cette expérience coûteuse et infructueuse.
L’annonce de la démolition de la route solaire a été faite lors du conseil municipal de Tourouvre le 15 février 2024. Les travaux, démarrés le 27 mai, doivent se terminer le 7 juin. Les tractopelles ont déjà commencé à retirer les coffrets électriques et détruire le muret le long de la route. Les panneaux solaires seront prochainement retirés, mettant fin à cette innovation avortée.
Malgré cet échec, le directeur du développement commercial chez Wattway Colas, Arnaud de Sainte-Marie, reconnaît Actu.fr les difficultés rencontrées mais souligne l’importance des enseignements tirés. La technologie des panneaux solaires continue d’évoluer et est désormais utilisée pour des applications moins restrictives telles que les pistes cyclables, les parkings et les trottoirs. Dix versions différentes de dalles au cours de ces six années ont été testées, précise-t-il.
La route solaire de Tourouvre restera néanmoins dans l’histoire comme un projet plein d’ambition, mais quelque peu prématuré. Franck Poirier, maire de Tourouvre-au-Perche, résume ce sentiment : « Nous savions que la route serait détruite, mais nous ne savions pas quand. »
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