La Roumanie va acheter 32 chasseurs-bombardiers F-35A pour environ 6 milliards d’euros

Dans son rapport sur la compétitivité de l’Union européenne (UE) présenté cette semaine, Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, a constaté avec regret que la part des commandes d’équipements militaires passées par les 27 États membres aux États-Unis s’élevait à 63 % entre mi-2022 et mi-2023. Une tendance qui n’est visiblement pas prête de s’inverser, à en juger par les avis émis par l’Agence américaine de coopération en matière de défense et de sécurité (DSCA) depuis le début de cette année.

Le dernier en date concerne la Roumanie. En février 2022, Bucarest avait annoncé son intention d’acheter des chasseurs-bombardiers F-35A à Lockheed-Martin, alors que l’achat de 32 F-16 ayant servi sous les cocardes norvégiennes était sur le point d’être finalisé. Ce projet avait ensuite été validé par le Conseil suprême de défense roumain (CSAT).

« Le processus de modernisation de la Forțele Aeriene Române (Force aérienne roumaine) se poursuivra, avec l’achat d’avions F-35 de dernière génération. (…) Ces avions, équipés d’une large gamme de capteurs avancés, avec la capacité d’échanger des informations cryptées en temps réel avec des plateformes aériennes et des systèmes de défense (…) permettent d’atteindre et de maintenir la supériorité aérienne, condition impérative pour assurer la souveraineté dans notre espace aérien et, le cas échéant, pour notre défense », a-t-il justifié, dans un avis publié en avril 2023.

En août de la même année, le ministère roumain de la Défense a demandé au Parlement l’autorisation d’acheter 32 F-35A pour un coût estimé à environ 5,9 milliards d’euros (ou 6,5 milliards de dollars). Il a également laissé entendre qu’il envisageait d’en commander 12 autres ultérieurement, pour former un troisième escadron.

Le processus était resté en l’état jusqu’à l’accord donné par les commissions parlementaires concernées à cet achat. La Roumanie étant prête à signer une commande de 32 F-35A, il ne restait plus qu’à attendre le feu vert de l’administration américaine. Ce qui est désormais chose faite, avec l’avis publié par la DSCA le 13 septembre.

Ainsi, elle recommande au Congrès d’accepter la vente « potentielle » à la Roumanie de 32 F-35A ainsi que de 33 moteurs Pratt & Whitney F135-PW-100 (32 installés et 1 de rechange) pour un montant estimé à 7,2 milliards de dollars (ou 6,4 milliards d’euros, selon le taux de change actuel). Cette somme couvre également la formation et le soutien logistique.

« La vente proposée renforcera la capacité de la Roumanie à faire face aux menaces actuelles et futures en lui permettant de mener des missions d’autodéfense et de sécurité régionale tout en améliorant l’interopérabilité avec les États-Unis et d’autres membres de l’OTAN. Elle n’aura aucune difficulté à intégrer ces articles et services dans ses forces armées », a déclaré la DSCA.

Le ministre roumain de la Défense, Angel Tîlvăr, n’a pas tardé à saluer cette décision.

« Les systèmes Patriot et HIMARS, les véhicules blindés de transport de troupes Piranha V, les avions multirôles F-16, les batteries côtières NSM et maintenant les avions F-35 de 5e génération confèrent à notre pays une position stratégiquement renforcée dans la région, où nous agissons en tant que partenaires de l’OTAN », a-t-il déclaré.

Il a ajouté : « Le partenariat stratégique avec les États-Unis représente un pilier important. La solidarité de l’Amérique avec la Roumanie, démontrée par la présence substantielle de troupes sur le territoire de notre pays, contribue essentiellement à renforcer la défense du flanc oriental de l’OTAN dans la région de la mer Noire et à dissuader l’agression. »

Par ailleurs, Bucarest a confirmé que le prix d’achat de ces 32 F-35A serait dans la limite de 6,5 milliards de dollars autorisée par le Parlement, même si l’estimation de la DSCA est supérieure de 700 millions. Il faut noter que le coût des infrastructures nécessaires à la mise en œuvre des avions Lockheed-Martin n’est pas pris en compte. En outre, la facture pourrait augmenter de plusieurs centaines de millions d’euros supplémentaires…

En tout cas, « après l’approbation du Congrès, les gouvernements de la Roumanie et des Etats-Unis signeront un contrat de type LOA, l’achat par la partie roumaine devant être effectué à la valeur estimée et approuvée par le Parlement roumain, de 6,5 milliards de dollars », a assuré le ministère roumain de la Défense.