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La Régie de l’énergie force Hydro-Québec à fournir 17,5 mégawatts à une entreprise de cryptomonnaie

Alors que les précieux mégawatts se font rares, un bloc de 20 MW devra être utilisé pour alimenter les entreprises de minage de cryptomonnaies, au grand dam d’Hydro-Québec.

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Dans une décision rendue le 10 septembre, la Régie de l’énergie a forcé Hydro-Québec à fournir de l’électricité à un projet de cryptomonnaie à Saint-Antonin, près de Rivière-du-Loup. La société d’État devra fournir 17,5 mégawatts (MW) à l’entreprise Énergie Flumen, soit l’équivalent de l’énergie nécessaire au fonctionnement de trois Centres Bell.

2,5 MW supplémentaires seront utilisés pour alimenter d’autres sociétés de cryptomonnaie.

La Régie estime qu’Hydro-Québec doit respecter ses engagements, après avoir attribué les mégawatts en janvier 2020 dans le cadre d’un appel de propositions, pour ensuite faire volte-face et suspendre le projet en 2023.

La décision, rapportée pour la première fois par La pressesera contestée, confirme Hydro-Québec.

« Cette décision, qui contient selon nous de graves erreurs, a pour effet d’allouer une quantité importante d’électricité à l’industrie des cryptomonnaies, dans un contexte où les volumes d’énergie pour les nouveaux projets, notamment de décarbonation, sont limités », a commenté par écrit Maxence Huard-Lefebvre d’Hydro-Québec.

Fil des événements

Le 4 mars 2024, la Régie de l’énergie a reçu une plainte d’Énergie Flumen à l’encontre d’une décision d’Hydro-Québec. Flumen contestait le refus d’Hydro-Québec, en décembre 2023, de signer la convention de raccordement qu’elle lui avait elle-même transmise en juillet 2023 – laquelle incluait un bloc de 20 MW – et le refus de procéder aux travaux de raccordement de son installation.

De son côté, Hydro-Québec était d’avis que les conditions de service ne l’obligeaient pas à signer cette convention de raccordement et à approvisionner Flumen. Le distributeur soutenait également que la Régie n’avait pas la compétence nécessaire pour régler le litige.

Les deux parties avaient alors convenu de revoir à la baisse la consommation du projet, à 17,5 MW. Mais Hydro avait alors décidé de suspendre le projet.

Dans sa conclusion, la Régie précise qu’« en refusant de signer la convention de raccordement et en omettant de raccorder et d’alimenter Flumen selon les modalités de cette convention, le Distributeur (Hydro-Québec) contrevient à l’article 19.1.3 des Conditions de service et à son obligation de servir. »

Projets rejetés

À l’heure actuelle, des entreprises se voient refuser des MW alors qu’elles en ont besoin pour des projets de décarbonisation. Le Journal a récemment rapporté le cas des Forges de Sorel.

Dans ce cas précis, plus de 320 emplois entre 80 000 $ et 120 000 $ sont menacés. Le PDG de l’entreprise affirme que ces postes risquent d’être « déplacés » si l’entreprise n’est plus compétitive.

La situation risque de s’aggraver en raison des contrats d’électricité qu’Hydro-Québec a signés avec New York et l’État du Massachusetts, dont la livraison débutera en décembre 2025, selon Jocelyn Allard de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité.

« Les consommateurs d’électricité québécois devraient se poser beaucoup plus de questions sur les engagements fermes pris d’envoyer 30 TWh par année aux Américains pour les aider à décarboner leur économie à New York et au Massachusetts », dit-il.

«Pourquoi ne fournit-on pas toutes les données aux Québécois pour qu’ils comprennent les implications de ces exportations? On devrait les comparer à l’ensemble des bénéfices pour l’économie et l’environnement du Québec d’utiliser notre électricité chez nous plutôt que de la donner aux Américains?», s’interroge-t-il.

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