La première filière de recyclage de cheveux au monde se développe sur un site historique Michelin à Clermont-Ferrand
Des montagnes de cheveux à perte de vue, entassés en énormes touffes… Bienvenue dans les nouveaux locaux de Capillum ! Récemment, la start-up clermontoise, créée il y a cinq ans par deux étudiants de l’école de commerce de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a élu domicile au cœur de l’ancien site historique Michelin. Cataroux, transformé en incubateur géant d’entreprises innovantes dans le domaine environnemental, et inauguré ce vendredi 4 octobre 2024. « Nous sommes passés de 60 m² à 1 700 m² ! Nous sommes vraiment fiers d’être ici, au cœur du réacteur, là où Michelin est né il y a plus de 100 ans. Pour nous, c’est un honneur et un symbole sacré. Il y a de la bonne ambiance ici ! », sourient Clément Baldellou et James Taylor, les co-fondateurs de Capillum.
Depuis 2019, les deux amis seniors s’accrochent à leur rêve un peu fou : créer la toute première industrie de recyclage de cheveux au monde. Partis d’une page blanche, ils sont désormais à la tête d’une entreprise de 25 salariés et gèrent 5 000 points de collecte de cheveux en France via des salons de coiffure partenaires. « Nous récupérons 15 tonnes de matériaux par mois. Chaque semaine, cela représente deux camions de cheveux qui auraient dû aller à la benne. Dire qu’au début nous collections chez quelques coiffeurs clermontois avec nos propres voitures. Depuis, on a fait du chemin», s’amusent les deux complices en regardant avec émotion les 160 tonnes de cheveux entassés dans leurs nouveaux locaux !
Tapis, coussins et projets à venir
En cinq ans, Capillum a bien grandi. Quatre brevets ont été déposés et l’entreprise a mis en place un centre de R&D pour innover encore et encore. Les tonnes de cheveux collectées sont des déchets très polluants qui ne sont plus jetés à la poubelle. Ils servent désormais à fabriquer, entre autres, des nattes de paillage pour le jardin. Mélangés à de la laine de mouton – elle aussi destinée à être jetée –, les cheveux font des miracles. « La fibre capillaire possède des qualités d’absorption extraordinaires », vante Clément. « Avec nos tapis, il n’est quasiment pas nécessaire d’arroser. C’est un cercle vertueux. Aujourd’hui, nous livrons 200 jardineries, mais en franchissant ce cap industriel nous espérons en livrer 800 dans l’année à venir. Cela représente des millions de mètres carrés de paillis supplémentaire. »
L’installation au cœur de l’ancienne friche Michelin, rebaptisée Centre des Matériaux Durables, permettra à l’entreprise auvergnate de poser une étape importante. « Nous sommes encore en phase d’installation mais très bientôt nous arriverons ici notre nouvelle machine dont le développement a pris trente mois. Cela permettra de produire à la fois nos tapis de paillage et nos coussins d’absorption d’hydrocarbures », confient les deux amis qui ont récolté trois millions d’euros cette année. D’autres projets encore confidentiels sont en préparation et la matière semble inépuisable. Chaque année, les Français produisent 4 000 tonnes de déchets capillaires par an. De quoi donner des ailes à Capillum.