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La parenthèse enchantée de la convention démocrate

Mmission accomplie. La convention du Parti démocrate américain s’est achevée jeudi 22 août au soir à Chicago par un lâcher de monstrueux ballons tricolores, comme le veut la tradition, mais surtout par l’euphorie d’un succès inattendu un mois plus tôt, alors que Joe Biden, alors octogénaire candidat à l’élection présidentielle du 5 novembre, semblait mener son camp vers une défaite quasi certaine face à Donald Trump.

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Le miracle s’est produit le 21 juillet, lorsque le président Biden a décidé de se retirer de la course en faveur de la vice-présidente Kamala Harris, 59 ans. En contraste frappant avec l’ambiance sombre de la campagne de 2020, ces quatre jours d’auto-célébration, d’unité et de joie retrouvée Le récent rassemblement de milliers de sympathisants démocrates à Chicago autour de leurs élus a confirmé l’énorme élan apporté au parti par la candidature de Kamala Harris, transformée en locomotive politique incandescente. Cet élan se reflète également dans une fructueuse campagne de levée de fonds, grâce à laquelle le parti pourra inonder les ondes de messages et de vidéos promotionnelles au cours des deux prochains mois.

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Le discours de clôture, très attendu, de la candidate lui a permis d’asseoir sans peine l’image d’une future cheffe de l’Etat. Optimiste, patriote, centriste et centré sur l’avenir des classes moyennes, suffisamment vague pour rassembler, ce discours d’une demi-heure n’avait pas pour but d’énoncer un programme de gouvernement mais d’inspirer confiance et espoir dans le leadership d’une enfant d’étudiants immigrés jamaïcains et indiens devenue procureure générale de Californie, puis sénatrice, puis vice-présidente : une histoire typiquement américaine. Indéniablement, l’objectif a été atteint.

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La campagne de Kamala Harris a intelligemment choisi comme slogan « une nouvelle voie » pour la faire apparaître comme la candidate du changement plutôt que d’avoir à justifier un bilan, rôle laissé à Joe Biden. L’autre slogan, « pas de retour en arrière », Le bilan de Donald Trump, sur lequel se sont focalisées toutes les attaques, et qui s’est révélé être le plus puissant facteur d’unification des démocrates, n’est pas venu perturber la succession des stars du parti qui, en parfait ordre de marche, y compris pour les personnalités de gauche, ont préparé le terrain pour leur candidat pendant quatre jours. Particulièrement éloquente, Michelle Obama n’a fait aucun quartier à Donald Trump. Le discours chaleureux du candidat à la vice-présidence, Tim Walz, gouverneur du Minnesota, a confirmé le choix judicieux d’un homme du Midwest pour le ticket démocrate.

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En volant le thème de la liberté au camp républicain, présenté comme partisan d’une restriction des droits individuels, notamment celui de l’avortement, et en confirmant avec discipline leur tandem de dernière minute, les démocrates ont désormais solidement établi leur campagne. La prudence de l’ancien président Barack Obama est toutefois justifiée : le plus dur reste à faire, dans soixante-quinze jours, face à des républicains solidement installés. Le bond effectué dans les sondages n’est pas encore suffisant, notamment dans les Etats-clés. Déstabilisé par ce virage inattendu qui lui a volé la vedette, Donald Trump peut rebondir. Kamala Harris n’a pas encore affronté la presse, ni les questions sur son programme. Le grand défi est désormais de mobiliser l’électorat au-delà du parti, pour que cette convention ne soit pas qu’une parenthèse enchantée.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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