la mortalité infantile en hausse depuis la fin de la protection du droit à l’avortement
La mortalité infantile a fortement augmenté aux Etats-Unis, notamment en raison d’anomalies congénitales, dans les mois qui ont suivi la révocation par la Cour suprême de la garantie fédérale du droit à l’avortement, selon une nouvelle étude publiée lundi 21 octobre.
Mettant fin en juin 2022 à un demi-siècle de jurisprudence, la Cour suprême, à majorité conservatrice depuis la nomination de trois juges par Donald Trump, a donné toute latitude aux États fédérés pour légiférer dans ce domaine. Au moins 20 d’entre elles ont depuis mis en place des restrictions partielles ou totales sur l’interruption volontaire de grossesse. Le sujet occupe une place importante dans la campagne présidentielle, à deux semaines du scrutin aux Etats-Unis. Le 5 novembre, les Américains voteront également sur la garantie par les Etats du droit à l’avortement dans pas moins d’une dizaine d’entre eux.
Cette nouvelle étude, dirigée par Maria Gallo et Parvati Singh de l’Université de l’Ohio et publiée dans la revue JAMA Pédiatrieanalyse une base de données nationale et ses résultats sur les conséquences des restrictions à l’avortement rejoignent ceux d’études publiées en début d’année sur le seul État du Texas, où l’avortement est désormais interdit, y compris en cas d’inceste ou de viol. Dans les mois qui ont suivi la décision de la Cour suprême, « La mortalité infantile aux États-Unis a été plus élevée que prévu »les chiffres au niveau national sont généralement plutôt stables avec des hauts et des bas liés à des effets saisonniers prévisibles, explique à l’AFP Maria Gallo, professeur d’épidémiologie spécialisée en santé reproductive.
Il s’agit de cas dans lesquels, avant la décision de la Cour suprême, il aurait été possible d’avorter plutôt que de mener la grossesse à terme et de devoir assister à la mort de son enfant. »
Maria Gallo, co-auteur de l’étude
En octobre 2022, mars 2023 et avril 2023, les taux de mortalité infantile étaient 7 % plus élevés que d’habitude au niveau national, avec 247 décès supplémentaires pour chacun de ces mois. La majorité de ces décès ont été attribués à des anomalies congénitales. « Il s’agit de cas dans lesquels, avant la décision de la Cour suprême, il aurait été possible d’avorter plutôt que de mener la grossesse à terme et de devoir assister à la mort de son enfant »souligne Maria Gallo.
La prochaine étape pour les chercheurs sera de déterminer si cette augmentation a été observée dans tous les États ou si elle s’est concentrée dans les États qui restreignaient l’accès à l’avortement. « Il y a un bilan humain plus large à considérer, y compris les conséquences sur la santé mentale du refus d’avorter ou du fait d’être forcé de mener une grossesse à terme lorsque le fœtus présente une anomalie congénitale mortelle. »ajoute Parvati Singh.