La justice américaine ouvre la voie à leur éventuelle libération conditionnelle
Ce jeudi, le procureur de Los Angeles a ouvert la voie à une éventuelle libération conditionnelle des frères Menendez. En 1989, ils ont choqué les États-Unis après le meurtre de leurs parents, un acte récemment mis en lumière grâce à la série Netflix « Monsters ».
« Ce ne sont pas des monstres », a plaidé Kim Kardashian dans les colonnes de NBC News. Ce jeudi 24 octobre, le procureur général de Los Angeles de l’État de Californie aux États-Unis a ouvert la voie à une éventuelle libération de Lyle et Erik Menendez. Condamnés à la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle en 1996, les deux frères ont tué leurs parents en août 1989, affirmant avoir été victimes d’abus sexuels répétés de la part de leur père depuis des années.
Le parquet de Los Angeles va demander à un juge de réexaminer la condamnation des deux frères, ce qui pourrait « les rendre éligibles à la libération conditionnelle », a indiqué le procureur George Gascon. Ce dernier a reconnu que la récente série réalisée par Ryan Murphy les concernant, intitulée « Monsters » et diffusée dès septembre dernier sur Netflix, avait poussé le parquet de Los Angeles à reconsidérer l’affaire avec un regard neuf, dans une société où le mouvement #MeToo a changé la perception des victimes d’agression sexuelle.
«Je pense que souvent, pour des raisons culturelles, on ne croit pas les victimes d’agression sexuelle, qu’elles soient des femmes ou des hommes», a expliqué George Gascon.
Une frénésie médiatique
En 1989, l’assassinat de José et Mary Louise Menendez dans leur demeure huppée de Beverly Hills fait l’objet d’une frénésie médiatique aux États-Unis. Au moment des faits, les deux frères étaient âgés de 18 et 21 ans. Leur procès était retransmis quotidiennement à la télévision, une nouveauté à l’époque.
Lyle et Erik Menendez n’ont pas été reconnus coupables au procès parce que le jury n’a pas atteint l’unanimité nécessaire pour parvenir à un verdict. Ainsi, en 1996, un second procès aboutit à leur condamnation à perpétuité incompressible, pour meurtre avec préméditation, après le refus du juge d’examiner de nombreux éléments relatifs à leurs accusations d’agression sexuelle.
Les deux frères avaient été accusés par les procureurs d’avoir assassiné leurs parents dans le but d’hériter de leur fortune de 14 millions de dollars. En effet, le père des frères Menendez, José, était un immigré cubain qui a fait fortune en devenant vice-président de la société de location de voitures « Hertz », puis directeur des opérations du label de musique « RCA ».
Emprisonné pendant 35 ans
Après le crime, les deux fils de José et Mary Louise Menendez ont eux-mêmes appelé la police. S’ils avaient imputé le meurtre de leurs parents à la mafia, affirmant que la pègre s’en prenait à leur père, les enquêteurs ont rapidement détecté des failles dans leur version. Le style de vie de Lyle et Erik, devenu incroyablement coûteux, avait éveillé les soupçons. C’est grâce à des aveux lors de séances enregistrées avec un psychothérapeute que le meurtre a été révélé.
En prison depuis maintenant 35 ans, le réexamen du cas des deux frères a révélé de nouveaux éléments, comme une lettre de l’époque, dans laquelle Erik évoque les agressions sexuelles de son père à une cousine avant le meurtre, ou encore un autre témoignage. d’un ancien chanteur de boys band latino, qui explique avoir été drogué et violé par José Menendez dans les années 1980.
Plusieurs célébrités américaines se sont prononcées en faveur de leur libération, mais aussi une partie de la famille élargie des frères Menendez. « Nous savons que cette décision n’a pas été facile à prendre, mais elle est la bonne », a déclaré ce jeudi Karen VanderMolen, la cousine de Lyle et Erik, saluant la « compassion » du procureur de Los Angeles George Gascon.
Ce dernier, connu en Californie pour sa politique progressiste, a insisté sur le fait que sa décision n’était qu’une « recommandation » qui doit désormais être validée par un tribunal de Los Angeles. « La décision finale sera prise par le juge. La Cour doit accepter ma conclusion selon laquelle ils méritent une autre peine », a-t-il déclaré.
Pour l’heure, la date de l’audience n’a pas encore été fixée.