Bourse Entreprise

La France mise sur des importations soutenues pour assurer ses approvisionnements cet hiver

Près de trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine, qui a rebattu les cartes des flux gaziers dans le monde, le secteur gazier français aborde l’hiver 2024-2025 sans en anticiper aucun. « de grosses difficultés ». Lors d’une conférence de presse ce mercredi, les gestionnaires des deux réseaux de transport de gaz en France, GRTgaz et Teréga, ont estimé qu’ils pourraient assurer la sécurité d’approvisionnement cet hiver. Et ce, même dans le cas d’un hiver très froid, comme l’hiver 2012-2013.

« Nous pouvons assurer la sécurité de l’approvisionnement pour la consommation (du français, ndlr) et exporte vers la Belgique, l’Allemagne et la Suisse »a argumenté Sandrine Meunier, directrice générale de GRTgaz, soulignant « la résilience du système gazier français ».

Un hiver sans « grosses difficultés », à trois conditions

Ce scénario favorable nécessite néanmoins de remplir plusieurs conditions. Premièrement : une très forte utilisation (90 %) des capacités d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) et des points d’interconnexion terrestres. Deuxième critère : maintenir les efforts de sobriété observés lors de l’hiver dernier. Et ce, alors que la consommation de certains constructeurs s’est redressée au cours du troisième trimestre.

Dernier élément requis : avoir un niveau de stockage à 98% des capacités au 1er novembre, soit 3 points de plus que le niveau actuel.

 » Dans le cas où le taux d’utilisation des capacités d’importation ne s’élève qu’à 70 %, on aurait un déficit de gaz lors des pointes (de consommation, qui correspondent aux jours les plus froids, ndlr) de la dernière partie de l’hiver. Cela montre qu’il est très important d’avoir des importations soutenues », a précisé Dominique Mockly, patron de Teréga.

Un déficit de 6% en cas de sous-utilisation des capacités d’importation

Dans ces conditions, le déficit s’élèverait à 6% de la consommation nationale et il pourrait même s’aggraver jusqu’à 10% si les efforts de sobriété n’étaient pas maintenus. « A partir de 80% de taux d’utilisation, les résultats sont équilibrés »assure néanmoins le gérant.

Dans le détail, les gestionnaires tablent sur une consommation de gaz de 296 térawattheures (TWh), sur la période du 1er novembre 2024 au 31 mars 2025, dans un contexte d’hiver rigoureux, contre 260 TWh en cas d’hiver rigoureux. . MOYENNE. Pour faire face à cette consommation excédentaire, GRTgaz et Teréga prévoient d’importer du GNL supplémentaire de l’ordre de 35 TWh à 159 TWh. A titre de comparaison, la France a importé 150 TWh de GNL l’hiver dernier.

GNL : l’Europe réduit sa dépendance aux exportations russes

Dans les deux scénarios (hiver moyen et hiver rigoureux), les volumes importés depuis les canalisations terrestres resteraient similaires, à un niveau proche de 100 TWh. La variable d’ajustement est donc basée sur la livraison de gaz des méthaniers. Pour rappel, en 2023, la part du GNL dans les importations de gaz s’élevait à 59 %. Un niveau stable par rapport à 2022, mais bien supérieur à celui de 2021 (35%).

Les importations en provenance de Russie se poursuivent

Cette tendance profite principalement aux États-Unis, première source d’approvisionnement en GNL de la France. Toutefois, la deuxième marche du podium est occupée par la Russie, qui représente environ 17 % des importations françaises de gaz liquéfié en 2023 avec 47 TWh. Un niveau bien inférieur à celui de 2022 au plus fort de la crise énergétique, mais presque autant que celui de 2021.

Les prix du gaz seront « beaucoup plus raisonnables » en 2025, selon le patron de l’AIE

Quant au prix, les deux sociétés tablent sur 40 euros par mégawattheure (MWh), comme anticipé par le marché, contre 34 euros lors de l’hiver précédent. Cette tendance à la hausse s’explique principalement par la place plus importante que devrait prendre le GNL dans les importations.

La Russie représente toujours 17% des approvisionnements de l’UE

Même si les importations de gaz russe ont diminué de 70 % depuis le troisième trimestre 2021 dans l’ensemble de l’Union européenne, elles représentent toujours 17 % de l’offre du Vieux Continent. L’éventuel arrêt du transit du gaz russe via la route ukrainienne, à partir de janvier 2025, impacterait les pays d’Europe de l’Est, mais sans répercussions significatives sur le passage de l’hiver du fait d’un bon remplissage des stockages, estiment les deux gestionnaires GRTgaz et Teréga. De même, la mise en œuvre de l’interdiction des transbordements, à partir de mars 2025 au niveau européen, n’affectera pas la sécurité de l’approvisionnement en gaz de l’Union européenne, ont-ils affirmé.